Tracteurs dans les rues de Paris: Les raisons de la colère des agriculteurs
MANIFESTATION 1.000 tracteurs devraient bloquer les rues de la capitale jeudi…
Presque deux ans après leur dernier coup de force dans la capitale, « les paysans remontent à Paris », comme l’annonce la FNSEA, le plus puissant syndicat agricole. 1 000 tracteurs sont attendus dans les rues jeudi. Une façon d’exprimer un mécontentement grandissant, alors qu’un rendez-vous avec Manuel Valls est prévu dans la journée. Damien Greffin, producteur de colza dans l’Essonne, président de la FNSEA Ile de France et Florent Dornier, agriculteur laitier dans le Doubs, secrétaire général national des Jeunes agriculteurs (JA), détaillent leurs revendications.
- L’expression d’un ras-le-bol
En utilisant une fois de plus la manière forte, les agriculteurs entendent avant tout réaffirmer à quel point la crise qu’ils traversent est préoccupante. « On veut remettre un coup de collier, souffle Florent Dornier. Ce n’est pas quelque chose qu’on aime, tenir en otage. C’est pour cela qu’on a donné rendez-vous aux députés, au Premier ministre. » De son côté le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a déjà indiqué que « des annonces [seraient] faites le 3 septembre », sans plus de détail. De son côté le président de la FNSEA Xavier Beulin, avait déjà alerté sur la nécessaire d’investir 3 milliards d’euros sur trois ans.
- Un respect des engagements sur les prix.
Ne pas vendre à perte. C’est la première exigence des professionnels du secteur qui demande a minima un respect des engagements sur les prix décidés lors de différentes tables rondes au cours de l’été. Les seuils de 1,40 euro le kilo pour le porc et 0,36 euro le litre pour le lait ne peuvent être abaissés selon les syndicats. Sous peine d’enliser un peu plus financièrement « les 20 000 exploitations françaises ont au bord de la faillite », dixit les JA.
- Une pause dans l’empilement réglementaire
Dans le domaine agricole, les syndicats dénoncent année après année, un chapelet normatif ultra-contraignant. Concrètement, « on attend un moratoire d’un an sur l’ensemble des normes qui pèsent sur nous », tonne Damien Greffin. Les agriculteurs français pointent une législation beaucoup plus lourde que chez leurs voisins européens. « Il y en a par centaines, poursuit l’agriculteur. On étouffe les entreprises. On voudrait que les Français, Allemands, Espagnols, soient logés à la même enseigne. » Il cite ainsi l’implantation obligatoire en France de Cipan (Cultures intermédiaires pièges à nitrate), non imposées en Allemagne ou en Espagne. Autre exemple, le traitement du lisier. Interdit en France en hiver, il oblige les éleveurs à posséder une capacité de stockage supérieure à celle de ses voisins. Avec le coût important que cela peut engendrer.
- Un allégement des charges sociales
Pour retrouver de la compétitivité, les agriculteurs demanderont à Manuel Valls de « lâcher un peu d’argent plutôt que de (les) taxer. Il faut alléger les trésoreries, ramener de l’oxygène, même si ce sont des soins palliatifs », image Florent Dornier. L’idée de généraliser une mesure comme le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) aux entreprises agricoles pourrait être proposée. Pour les JA, il faut aussi envisager de façon plus complète la question de la contractualisation entre producteur, collecteur, transformateur et distributeur. Une mesure capitale pour rassurer les jeunes dans un secteur où 50 % des effectifs pourraient partir à la retraite d’ici à dix ans.