Croissance: Pourquoi zéro, ce n'est pas nul

CONJONCTURE « 20 Minutes » revient sur la croissance nulle au second trimestre, un chiffre pas si mauvais que ça…

Céline Boff
Photo d'illustration croissance
Photo d'illustration croissance — Joel Saget AFP

Zéro. Au deuxième trimestre, la croissance a été nulle en France, annonce ce vendredi l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Ce chiffre est une déception, mais il n’est pas pour autant mauvais. 20 Minutes vous explique pourquoi.

Parce que la croissance est quand même là

Si les experts ne s’attendaient pas à ce que la croissance réédite au deuxième trimestre son exploit du premier trimestre (+0,7 %), ils espéraient un sursaut de +0,3 %. Ils sont donc déçus, mais ne s’alarment pas. Car le chiffre de 0 % s’obtient en comparaison du premier trimestre 2015. Or, si l’on compare l’activité du deuxième trimestre 2015 à celle du deuxième trimestre 2014, nous obtenons cette fois-ci une hausse de +1 %… Plutôt réjouissante. Surtout, ce 0 % ne compromet pas l’objectif d’une croissance de +1 % cette année, puisque « l’acquis de croissance », c’est-à-dire le chiffre annuel auquel nous pouvons nous attendre si les trimestres suivants devaient enregistrer des croissances zéro, est déjà de +0,8 %. En clair, « le simple fait d’avoir créé de la richesse au premier trimestre va alimenter la croissance des prochains mois », résume Philippe Crevel, directeur du cabinet d’études économiques Lorello Ecodata.

Parce que la consommation va repartir

La consommation des ménages a décéléré, avec une hausse de seulement +0,1 %, après +0,9 % au premier trimestre. Mais c’est justement ce premier trimestre très bon qui nuit au deuxième : « Compte tenu du niveau des revenus et du taux d’épargne élevé, les ménages ne pouvaient pas continuer à accroître autant leurs dépenses », analyse Philippe Crevel. Certes, ils auraient pu dépenser un peu plus, mais nous nous consolerons en rappelant que le deuxième trimestre, qui comprend peu de jours de soldes, n’est jamais un bon cru en matière de consommation et surtout, que la donne changera au troisième trimestre. Cette fois-ci, les économistes tablent sur une hausse du PIB de +0,3 % à +0,4 % et cette augmentation sera surtout soutenue par la consommation des ménages. Bien sûr, il ne s’agit là que de prévisions, mais « les premiers chiffres disponibles montrent que les Français sont plutôt bien partis en vacances », note Philippe Crevel.

>> A lire : La reprise de la croissance va-t-elle vraiment durer ?

Parce que notre économie crée de l’emploi

Avec une croissance de probablement 1 % sur 2015, la courbe du chômage ne s’inversera pas. Mais notre économie recommence à créer de l’emploi. Au deuxième trimestre, les chiffres sont même meilleurs qu’attendu : 27.300 emplois ont été créés dans le secteur marchand (+0,2 %). C’est le meilleur résultat depuis début 2011. Si cette hausse ne suffit pas à absorber les nouveaux actifs (+50.000 sur le trimestre, +107.000 sur l’année), elle permet à l’emploi marchand de se stabiliser sur un an, avec 4.200 suppressions de postes (-0,0 %) sur un total de 15,9 millions. Ces créations d’emploi sont liées « à la très forte croissance du premier trimestre qui a incité les entreprises à recruter… Mais surtout en contrats flexibles – CDD court et intérim », précise Philippe Crevel. Toutefois, ces contrats courts sont traditionnellement les prémices d’une hausse de l’emploi « durable », comprenez de CDD de plus de trois mois et de CDI. En fin d’année, le chômage devrait cesser d’augmenter et commencer à amorcer une baisse en 2016.

Parce que notre commerce extérieur s’améliore

Au deuxième trimestre, le commerce extérieur a contribué positivement à l’évolution du PIB (+0,3 point après -0,3). Les importations ont ralenti (+0,6 après +2,2 %) et les exportations ont accéléré (+1,7 % après +1,3 %). La boîte à outils présidentielle n’est pour rien dans cette amélioration notable. Si la France a davantage exporté, c’est grâce à la baisse de la valeur de l’euro. Et si elle a moins importé, c’est surtout parce qu’elle a moins acheté d’énergie, du fait d’une météo clémente, et qu’elle a l’a acquise moins chère. Reste que les solutions gouvernementales -Pacte de responsabilité et Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE)- devraient commencer à produire leurs effets au deuxième semestre et donc permettre à notre balance commerciale de continuer à basculer dans le bon sens.