Accord sur les autoroutes: «Matignon et Bercy oublient de préciser ce que cela va réellement coûter aux citoyens», taclent les associations
TRANSPORT Des associations d'usagers dénoncent l'accord conclu jeudi entre l'Etat et les sociétés autoroutières...
Des associations d'usagers ont dénoncé vendredi l'accord conclu la veille entre l'Etat et les sociétés autoroutières, le qualifiant de «marché de dupes» dont le vrai coût n'a pas été révélé, selon elles. Après des mois de controverse, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a annoncé jeudi un accord entre l'Etat et les sociétés concessionnaires (SCA), qui «remet à plat les contrats, mais sans les résilier».
Les tarifs des péages seront gelés pour 2015, conformément à ce qu'avait annoncé le Premier ministre Manuel Valls, qui s'est d'ailleurs félicité d'avoir pu «rééquilibrer les contrats dans l'intérêt des usagers et de l'Etat», «dégager des ressources nouvelles pour le financement des infrastructures de transport» et «contribuer à la relance de l'activité économique et permettre des créations d'emploi dans le secteur des travaux publics».
«Le gel des tarifs n'est que de la poudre aux yeux»
Les SCA ont quant à elles gardé le silence. Mais des organisations d'usagers réunies au sein du groupe de réflexion «Automobilité et avenir», ont dénoncé «un marché de dupes, considérant que Matignon et Bercy oublient de préciser ce que cela va réellement coûter aux citoyens».
«Le gel des tarifs annoncé pour cette année est présenté comme une avancée alors qu'il ne s'agit que de la poudre aux yeux, négociée avec les SCA pour essayer de mieux faire passer les décisions inacceptables qui viennent d'être prises», ajoutent ces associations qui incluent l'Organisation des PME du transport routier, la Fédération française des motards en colère, l'Union nationale des automobiles clubs, l'Automobile club des avocats et la Fédération française de motocyclisme.
Elles déplorent notamment «le fait que l'Etat, en ne résiliant pas les contrats de concession alors qu'il en a le droit, n'ait pas repris sa souveraineté sur le service public des autoroutes, se privant alors d'une manne financière importante et d'une totale maîtrise de la politique tarifaire».
«Les Français ne sont pas dupes»
«Les Français ne sont pas dupes. La hausse des péages contractuellement prévue aura bien lieu à l'avenir», a en outre prévenu Matthieu Lesage, avocat chargé de la thématique des infrastructures de transports au sein d'Automobilité et avenir, groupe qui militait pour une résiliation des concessions. Jeudi, Macron avait de fait indiqué que la hausse annuelle des péages, contractuelle, serait lissée sur plusieurs années.
Le bras de fer entre l'Etat et les concessionnaires avait été engagé à l'automne, après un rapport de l'Autorité de la concurrence qui faisait état de la «rente» de ces sociétés.