Gaz: accord entre Kiev et Moscou pour des livraisons à l'Ukraine
L'Union européenne a arraché lundi un accord à Kiev et Moscou pour assurer la poursuite des livraisons de gaz à l'Ukraine jusqu'à la fin du mois de mars et sécuriser ainsi le transit des achats de gaz de l'UE par ce pays.
La Compagnie ukrainienne «Naftogaz s'engage à prépayer à Gazprom en mars des achats assurant la couverture de la consommation du pays. Gazprom garantit le transit des achats de gaz de l'UE et livrera à des points agréés entre les deux parties jusqu'à 114 millions de m3 de gaz par jour à l'Ukraine sur la base des prépaiements reçus», précise l'accord publié au terme de plusieurs heures de négociations à Bruxelles entre les ministres de l'Energie russe Alexandre Novak et ukrainien Volodymyr Demtchichine.
les deux ministres sont par ailleurs convenus de traiter dans une autre enceinte leur différend sur les livraisons de gaz aux régions de Donetsk et Lugansk, tenues par les séparatistes pro-russes, précise la déclaration.
«Nous sommes parvenus à faire appliquer l'accord du paquet hiver (conclu pour six mois en octobre 2014 sur le prix d'achat et les quantités livrables par Gazprom au groupe ukrainien Naftogaz)», s'est félicité dans un communiqué le vice-président de la Commission européenne chargé de l'Energie, Maros Sefcovic, artisan de cet accord.
«Je suis rassuré par le fait que les livraisons des achats de gaz de l'UE transitant par l'Ukraine sont sécurisées», a-t-il ajouté.
«Nous nous sommes enfin entendus pour tenir de nouvelles négociations tripartites sur les suites à donner à cet accord», a-t-il conclu.
L'arrangement trouvé à Bruxelles prévoit l'ouverture de nouvelles négociations à la fin du mois de mars. L'objectif est de trouver un accord sur le prix d'achat et les quantités livrables par Gazprom au groupe ukrainien Naftogaz pour une nouvelle période dont la durée reste à déterminer.
L'UE achète chaque année près de 130 milliards de m3 de gaz à la Russie et la moitié de ses achats, soit 15% de sa consommation, transitent par l'Ukraine à destination de la Pologne, de la Slovaquie, de la Hongrie, de la Roumanie, les quatre pays d'arrivée des gazoducs ukrainiens dans l'UE.
L'autre moitié des achats de gaz de l'UE n'est pas soumise aux aléas des différends entre Kiev et Moscou. Ils sont acheminés directement en Allemagne par Nord Stream, un gazoduc construit exclusivement pour ce pays, ou directement en Finlande et dans les Etats Baltes.
L'Ukraine est un très important client de Gazprom avec 26 milliards de m3 achetés chaque année, soit près de la moitié de la consommation du pays. L'autre moitié est assurée par la production interne.
Un arrêt des livraisons à l'Ukraine aurait un impact pour l'acheminement des achats d'une dizaine de pays de l'UE. Les plus préoccupés sont la Sovaquie, la Hongrie et la Bulgarie, car il dépendent à plus de 80% du gaz acheté à Gazprom pour leur consommation. Sont ensuite concernées la République Tchèque, la Hongrie, la Grèce, l'Autriche, la Slovénie, la Pologne et l'Italie, mais leur dépendance est moindre, de l'ordre de 30%, selon les données de la Commission européenne.