Effacement de la dette: Le bras de fer greco-allemand continue

ARGENT Angela Merkel a redit son opposition a toute négociation sur la dette grecque...

20 Minutes avec AFP
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Le premier Ministre grec Alexis Tsipras
Le premier Ministre grec Alexis Tsipras — AFP

C'est ce qui s'appelle temporiser. Le gouvernement grec a tenté samedi de calmer l'inquiétude qui a accueilli ses premières annonces, avant d'entamer ce week-end par Paris une tournée européenne destinée à compter ses alliés dans son offensive contre l'austérité.

«Du temps pour respirer»

Le Premier ministre Alexis Tsipras a demandé samedi dans un communiqué transmis par son bureau «du temps pour respirer» , et a assuré «ne pas chercher le conflit» avec les partenaires européens de la Grèce, notamment l'Allemagne avec laquelle le dialogue de sourds se poursuit, et internationaux. Comme il l'avait dit pendant sa campagne, il a promis de nouveau de ne prendre aucune décision «unilatérale» concernant le sujet très épineux de la dette de son pays.

«Je suis absolument persuadé que nous allons bientôt trouver un accord favorable, à la fois pour la Grèce et pour l'Europe dans son entier», écrit-il dans un communiqué clairement destiné à freiner l'emballement qui menaçait depuis que son gouvernement issu de la gauche radicale a pris ses fonctions mercredi.

Vendredi, le ministre des Finances Yanis Varoufakis avait en particulier indiqué qu'Athènes coupait les ponts avec la «Troïka», cette délégation d'experts du FMI, de la BCE et de l'Union européenne qui valide le versement des aides à la Grèce en évaluant sa politique économique et budgétaire.

L'Allemagne furieuse

Le président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz, a qualifié l'attitude du gouvernement grec d'«irresponsable», dans une interview parue samedi. La chancelière Angela Merkel a répété qu'il n'était pas question de consentir à la Grèce un «effacement», même partiel, de sa dette.

Il s'agit pourtant d'une revendication prioritaire du nouveau gouvernement emmené par le parti de la gauche radicale Syriza. Il prendra pour ce faire conseil auprès de la société franco-américaine Lazard, dont le vice-président pour l'Europe Matthieu Pigasse a plaidé publiquement vendredi en faveur d'une remise de dettes grecques de pas moins de 100 milliards d'euros, sur un total de 315 milliards.

C'est pour défendre une restructuration de la dette, mais aussi un vaste programme de relance (réembauche de fonctionnaires, hausse du salaire minimum, aide aux ménages pauvres) et la fin des privatisations, dont celle de l'emblématique port du Pirée, que MM. Tsipras et Varoufakis entament une tournée dans les capitales européennes.

Les Grecs boudent berlin

Si les émissaires grecs vont passer par la France, l'Espagne et l'Italie, ils n'ont pour l'instant n'ont pas prévu de se rendre à Berlin, et le dialogue de sourds se poursuit donc par voie de presse.

Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a assuré dans un entretien avec Die Welt samedi : «Si j'étais un homme politique grec responsable, je ne mènerais pas de débats sur un allègement de la dette». Le magazine Der Spiegel affiche pour sa part en couverture une photo du Premier ministre grec avec cette légende: «Le cauchemar de l'Europe». Et les médias diffusent un sondage montrant que 76% des Allemands se prononcent contre un effacement de la dette grecque.

Le Portugal s'est rangé derrière l'Allemagne : le Premier ministre Pedro Passos Coelho a refusé toute « conférence qui serait proposée afin d'annuler ou de restructurer la dette en faisant appel à la solidarité des peuples européens ».

A en croire une source proche du dossier, les pays baltes sont eux aussi partisans de la fermeté à l'égard de la Grèce.