Pourquoi le coeur artificiel Carmat bat la chamade à la Bourse de Paris
EPARGNE La première mondiale a fait bondit le titre de la société française Carmat lundi avant de fortement reculer ce mardi...
Deux pas en avant, un pas en arrière. L’annonce vendredi de la première implantation mondiale dans la poitrine d'un patient souffrant d'insuffisance cardiaque terminale d’un cœur artificiel autonome conçu par la société française Carmat a fait le bonheur de ses actionnaires.
+280% en trois ans!
Lundi, son titre s’est envolé de près de 10% à la Bourse de Paris (+9,68% exactement) pour tutoyer les 113 euros. Au cours de la séance, il a même décollé de 40%! A la clôture, la progression sur trois ans a de quoi donner le vertige: +280%, quand le CAC 40 progressait dans le même temps de 8,15%.
Mais passé l’euphorie, les investisseurs de Carmat semblent reprendre leur souffle ce mardi. L’action abandonnait en fin d’après-midi 6% à 106 euros. Car le chemin reste long avant la commercialisation de cette prothèse française.
Si, aux dernières nouvelles, le patient de 75 ans se porte «bien», «la chirurgie cardiaque est une chirurgie très à risque. On valide étape par étape et, pour l'instant, toutes les étapes sont validées (...)», confiait samedi le chirurgien Christian Latrémouille qui, avec une équipe d'une quinzaine de personnes, a opéré mercredi dernier pendant une dizaine d'heures à l'hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) cet homme «en fin de vie».
Les prochaines étapes sont tout d'abord le rétablissement du patient: «On va essayer de le mettre assis puis debout. L'objectif c'est qu'il ait une vie normale», indique le Pr Latrémouille. Deux comités d'experts indépendants sont chargés de la surveillance et du suivi de cette implantation. Ils devront donner leur feu vert pour franchir les nouvelles étapes, à commencer par une seconde implantation.
Le marquage CE, le Saint-Graal
Même si Carmat parle déjà de trois nouvelles implantations «dans les prochaines semaines», pour le moment, aucun nouveau patient n'a été sélectionné car «on est encore dans une première phase toute initiale» tempère le Pr Latrémouille. Selon lui, le champagne ne sera vraiment sabré qu'une fois «obtenu le marquage CE» pour le coeur Carmat. Un Saint-Graal qui pourrait intervenir en 2015 s’il franchit avec succès plusieurs étapes. L’essai clinique doit porter sur 20 à 25 patients et il est nécessaire de vérifier leur «survie à 30 jours».
Si Carmat obtient le marquage CE, les analystes de la société de Bourse Portzamparc estiment que la valeur de la société atteindrait jusqu’à 800 millions d’euros, contre moins de 500 millions aujourd’hui. Le titre s’approcherait alors de la barre des 200 euros. Malgré son prix, supérieur à 120.000 euros, aussi cher qu’une greffe, ce sont des dizaines de milliers de cœurs artificiels Carmat qui pourraient trouver preneurs en Europe et aux Etats-Unis. Des perspectives alléchantes qui incitent «de nombreux actionnaires particuliers à acheter des actions Carmat», confirme-t-on chez Portzamparc.