Les manifestants de Quimper sont prêts à négocier mais veulent du concret

ECONOMIE Ils sont prêts à répondre à l'invitation de Jean-Marc Ayrault...

W. M. (avec AFP)
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Les «bonnets rouges» ont disposé des chrysanthèmes sur la place de la Résistance, à Quimper (Finistère), ce samedi 2 novembre.
Les «bonnets rouges» ont disposé des chrysanthèmes sur la place de la Résistance, à Quimper (Finistère), ce samedi 2 novembre. — JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

  Les acteurs de  la manifestation de Quimper qui a  rassemblé de 15.000 à 30.000  personnes samedi se sont dits prêts  dimanche à répondre à l'invitation  de Jean-Marc Ayrault à élaborer un  «Pacte d'avenir pour la Bretagne»,  mais exigent des mesures immédiates  et concrètes.

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a invité samedi soir  «toutes  les parties prenantes à se retrouver» autour du «Pacte d'avenir  pour  la Bretagne», au cours d'une réunion qui pourrait se tenir dès   mercredi.

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Cette proposition a été favorablement accueillie dimanche par  les  principaux représentants politiques, économiques et sociaux  présents à  la manifestation de Quimper, un rassemblement contre  l'écotaxe et pour  l'emploi organisé sur fond de crise aiguë du secteur  agroalimentaire et  agricole breton, qui emploie un tiers de la  population active de la  région.

«Nous comptons nous rendre à cette réunion et on va avoir  énormément  de propositions à faire. Mais il y a urgence et il faut des  mesures  immédiates et concrètes», a déclaré à l'AFP Christian Troadec,  maire  DVG de Carhaix (Finistère) et porte-parole du comité organisateur  de la  manifestation.

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a par ailleurs  annoncé  dimanche qu'il se rendrait vendredi en Bretagne afin de  travailler sur  le plan d'avenir de la région.

«Il y a le feu»

«Il y a le feu, on ne met pas autant de gens dans la rue par   hasard», a souligné M. Troadec au nom du comité, qui regroupe notamment   des syndicalistes FO de l'agroalimentaire, la FDSEA du Finistère et des   artisans et chefs d'entreprise. Parmi les mesures exigées à court terme figurent la  suppression  définitive de l'écotaxe, suspendue mardi, l'ouverture par la  France de  négociations avec ses partenaires européens pour mettre «fin  au dumping  social» qui fragilise la Bretagne, notamment en Allemagne, et   «l'interdiction pour une entreprise qui fait des profits de laisser ses   salariés sur le carreau», une allusion au groupe norvégien Marine   Harvest (saumon fumé), a énuméré M. Troadec.

Le député UMP des Côtes d'Armor Marc Le Fur, très proche du  secteur  agricole et agroalimentaire, a également indiqué à l'AFP que les   représentants bretons de son parti étaient désormais prêts à s'asseoir à   la table des négociations avec le gouvernement.

«Nous avions conditionné notre participation à la suspension  de  l'écotaxe. Elle est suspendue, donc les députés UMP seront présents»,   après avoir boycotté une première réunion à Matignon mardi dernier,   a-t-il affirmé. Mais là aussi, M. Le Fur a réclamé la mise en place rapide  d'un  «plan Orsec pour la Bretagne». Il dénonce la «concurrence déloyale  de  l'Allemagne» et «les impôts et contraintes administratives qui   empêchent les Bretons et les Français de travailler», et réclame le   maintien des restitutions (subventions) européennes à l'export du   poulet.

Cinq comparutions

Le président de la Chambre régionale d'agriculture de Bretagne, Jacques Jaouen, a lui aussi demandé des «réponses concrètes à des demandes formulées depuis longtemps, comme la simplification administrative», à laquelle M. Ayrault s'est d'ailleurs engagé en septembre au salon de l'élevage de Rennes. «Nous demandons un droit à l'expérimentation pour la Bretagne, pour qu'elle puisse avoir la capacité à s'adapter au contexte» international, a-t-il plaidé.

Toutefois, a estimé dimanche M. Troadec, «les dernières  déclarations  de Marylise Lebranchu (ministre de la Réforme de l'Etat, et  élue  bretonne, ndlr) selon qui le problème de l'écotaxe serait  réglé ,   alors que cette taxe n'est que suspendue, font craindre que nous   n'ayons pas été bien compris», a souligné l'élu.

«Le dialogue est la seule issue possible, mais il y a une  très forte  demande des gens de se retrouver à nouveau dans la rue», a  ajouté  l'élu, qui a dénoncé les débordements. «Les gens ont besoin de   s'exprimer ensemble plutôt que de vivre leur souffrance seuls... et dans   l'isoloir», a souligné M. Troadec.

De 15.000 à 30.000 personnes de tous horizons --paysans,  ouvriers,  artisans, patrons, commerçants, pêcheurs, mais aussi des  groupuscules  d'extrême droite et des indépendantistes d'extrême gauche--  ont défilé  samedi dans les rues de Quimper contre l'écotaxe et pour  l'emploi en  Bretagne, lors d'un rassemblement hétéroclite émaillé  d'échauffourées  qui ont fait cinq blessés.

Quimper avait effacé dimanche midi les traces de la  manifestation, a  constaté un correspondant de l'AFP. Cinq casseurs  présumés devaient  par ailleurs être jugés, a indiqué le parquet.