Abattoirs Gad: Le tribunal entérine la suppression de 889 emplois

ECONOMIE L'autre choix du tribunal était de prononcer la liquidation judiciaire, un séisme qui aurait touché alors les 1.700 salariés du groupe...

20 Minutes avec AFP
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La société bretonne d'abattage et de découpe de porcs Gad SAS
La société bretonne d'abattage et de découpe de porcs Gad SAS — FRANK PERRY / AFP

Le tribunal de  commerce de Rennes a validé vendredi le plan  de continuation présenté  par la direction de la société bretonne  d'abattage et de découpe de  porcs Gad SAS, entérinant la suppression de  889 emplois sur environ  1.700.

Le tribunal pouvait soit valider le plan de continuation, le  seul à  avoir été présenté aux juges, soit prononcer la liquidation  judiciaire.

C'est la première option qui a été choisie vendredi avec la   suppression de 889 postes, principalement à l'abattoir de   Lampaul-Guimiliau (Finistère), pour lequel aucune solution n'était   proposée.

«Même si ça fait des mois qu'on s'y prépare, c'est quand même  dur à  encaisser», a réagi Olivier Le Bras, représentant FO du  personnel,  alors qu'environ 500 salariés et des élus ont formé vendredi  soir une  chaîne humaine sur le site, observant une minute de silence et   brandissant des petites croix blanches.

Trois sites touchés

«C'est vraiment inégal et injuste ce qui nous arrive», a ajouté le représentant syndical avec des sanglots dans la voix.

«Ils sont en train de détruire des familles entières, depuis  17 ans  chez Gad. Il y a tout un département qui se meurt. Notre avenir  est  très sombre et pour certains ça va être le noir complet», a déploré   Joëlle Crenn.

«On est que des pions pour eux», a dit Pascale Bouillonnec,  mère de  trois adolescents et depuis 21 ans au service commercial. «On  n'a plus  d'avenir. Comment voulez-vous que dans une région sinistrée on  arrive à  reclasser 850 personnes? Je vais devoir former la personne qui  va  prendre mon poste à Josselin et si je fais bien mon travail, j'aurai  le  droit d'être virée! C'est inhumain!», a-t-elle déploré.

La direction de Gad SAS, une entité du groupe coopératif   morbihannais Cecab, avait présenté son plan mercredi. Outre la fermeture   de l'abattoir de Lampaul, celui-ci prévoit également celle des sites  de  Saint-Nazaire (Loire-Atlantique, environ 60 salariés) et le siège du   groupe (50 salariés) près de Morlaix (Finistère).

L'activité d'abattage et de découpe sera recentrée sur le  second  abattoir du groupe, à Josselin (Morbihan), où 343 emplois  pourraient  être créés en plus des 600 actuels, selon la direction.

«Immense gâchis»

«On est satisfait (de la décision du tribunal)», a déclaré Me  Laurent  Jourdan, l'avocat de Gad. «On ne peut que déplorer la fermeture  de  sites auquel le groupe est contraint, néanmoins, 1.000 emplois  bretons  sont préservés, et c'était l'objectif», a-t-il ajouté.

En revanche, Pierre-Luc Lamy (FO ) en poste à Saint-Nazaire  mais  présent à Rennes, a qualifié la décision de «beau gâchis». «On a  cassé  un outil qui marchait très bien avec Gad. La Cecab est rentrée  dedans  et ils cassent deux sites et laissent 900 personnes à la rue»,  a-t-il  dit avant d'exprimer son «dégoût et un peu de mépris pour ces  gens».

De son côté, Me Philippe Brun, un des avocats du CCE, a  déclaré: «C'est une grande déception. Je comprends le tribunal, entre  deux maux,  il faut choisir le moindre. Mais c'est un gâchis immense. Gad  était  une entreprise familiale prospère et, en six ans, la Cecab a tué  Gad».