Travail dominical: Ségolène Royal s'invite dans le débat
REACTIONS La résistance des magasins Castorama et Leroy Merlin face à l'interdiction d'ouvrir le dimanche fait beaucoup parler...
Quatorze magasins Castorama et Leroy Merlin, frappés d'une interdiction d'ouverture dominicale par le tribunal de commerce de Bobigny, ont malgré tout ouvert leurs portes dimanche en Ile-de-France. Une situation que condamnent les syndicats et qui gène le gouvernement socialiste aux entournures.
Royal réclame plus de souplesse
Ségolène Royal, présidente PS de Poitou-Charentes, a recommandé ce lundi d'être «plus souple» en matière de travail dominical. Comme France 2 lui demandait s'il fallait changer la loi, après la rébellion d'enseignes de bricolage qui ont bravé la justice en ouvrant des magasins la veille, Ségolène Royal a répondu : «En tout cas, il faut être plus souple, et plus clair. Les règles sont devenues très complexes».
Elle a évoqué ces «familles qui sortent tranquillement dimanche pour pouvoir bricoler ou jardiner pendant la semaine, je ne vois pas pourquoi il y aurait ces interdits trop stricts», a-t-elle confié. «Cela pourrait être fait sur la base du volontariat. On pourrait imaginer beaucoup plus de liberté pour le commerce - ça crée des activités, des emplois, du bien-être - et contrôler le fait que les salariés ne doivent en aucun cas être forcés de travailler le dimanche ou le soir», a argumenté l'ex-candidate à l'Elysée.
Sapin ne veut pas toucher «au principe du repos dominical»
Le ministre du Travail Michel Sapin a affirmé lundi qu'il n'était «pas question» de toucher au «principe du repos dominical», juste avant une réunion convoquée à Matignon sur ce sujet. «Il existe une règle», qui est «le principe du repos dominical et «il n'est pas question de toucher à cette règle» autorisant déjà des exceptions, a expliqué Sapin lors d'une rencontre de l'Ajis (association des journalistes de l'information sociale).
Pour Bayrou, «de grandes civilisations» ont voulu un jour sans commerce
François Bayrou, président du MoDem, interrogé lundi sur le travail dominical, a rappelé que «de grandes civilisations» ont voulu un jour sans activité commerciale. «Il faut sortir du désordre absolu dans lequel on se trouve, dans lequel les uns peuvent ouvrir, d'autres pas», a répondu l'ex-candidat à l'Elysée, questionné par i>TELE sur la fronde d'enseignes de bricolage qui ont défié la loi en ouvrant la veille.
«Ma sensibilité, c'est plutôt d'avoir un jour dans la semaine qui n'est pas consacré au commerce», a observé le responsable, dont la ligne est proche de la démocratie-chrétienne. «Mais au moins faut-il avoir une loi qui permette à tout le monde de savoir quelle est la règle». «C'est aussi la vision de très grandes civilisations qui se sont accordées pour dire qu'il fallait qu'il y ait un jour dans la semaine où ce n'est pas le commerce qui passe en premier», a encore dit Bayrou.
Il a aussi souligné l'impact pour des petits commerces d'une ouverture dominicale des grandes surfaces: «Où ils sont obligés d'ouvrir aussi et quand vous êtes deux à tenir un commerce vous voyez ce que ça implique, ou bien ils perdent du chiffre d'affaires».
NKM «comprend» la «réaction» suscitée par la loi actuelle
Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate UMP à la mairie de Paris, interrogée lundi sur l'ouverture de magasins la veille malgré l'interdiction prononcée par la justice, a dit comprendre «la réaction» face à la loi actuelle. «Je comprends cette réaction, cette incompréhension vis-à-vis de la loi telle qu'elle est aujourd'hui», a déclaré sur RTL la députée et ex-ministre. «Je n'y incite pas, mais je vois bien qu'il y a une exaspération des salariés vis-à-vis des décisions de justice comme il y en a eu cette semaine pour les salariés de Sephora condamnés à fermer à 21h», a ajouté la responsable d'opposition.
La CGT réclame «un véritable débat»
La fédération CGT du commerce a réaffirmé ce dimanche sa «contestation» du travail dominical. «Pour mettre fin à la situation kafkaïenne qui règne sur ce sujet», le syndicat appelle dans un communiqué à ouvrir «un véritable débat». Il est «faux» d'affirmer que le travail dominical «est bon pour l'emploi et l'économie», argumente par ailleurs la CGT, qui estime qu'«il n'y a pas de chiffre d'affaires supplémentaire le dimanche, mais simplement un glissement de ce dernier sur cette journée».
Le gouvernement, entre «dialogue» et «règles» intagibles
Le ministre du Budget Bernard Cazeneuve s'est dit «dévaforable» à la généralisation du travail le dimanche mais a reconnu qu'il fallait «créer les conditions d'un dialogue» avec le secteur, au Grand Rendez-vous i-Télé, Europe 1 et Le Monde. «Je comprends parfaitement que des organisations syndicales n'approuvent pas cette brèche. Mais il y a des villes, des régions, qui sont dans une situation particulière(...). Est-ce que l'on peut créer les conditions d'un dialogue?», a déclaré Bernard Cazeneuve. «Il y a une loi qui n'a pas été votée par l'actuelle majorité, qui est une machine à fabriquer des contentieux et des impasses. Il y a des salariés qui veulent travailler, et des consommateurs qui ne peuvent pas consommer à d'autres moments que le weekend», a résumé le ministre.
La ministre du Commerce et de l'Artisanat Sylvia Pinel a concédé également qu'il y avait une «complexité de la législation» qui débouchait sur «un millefeuille réglementaire qu'il faut absolument clarifier, mais sans polémique», dans un entretien au Journal du Dimanche. Une ouverture qui tranche avec les déclarations samedi du ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon - qui a jugé «inadmissible qu'une marque n'applique pas une décision de justice» - et celles de la garde des Sceaux Christiane Taubira qui a rappelé que «les règles s'imposent» car «nous sommes dans un Etat de droit».
Le Roux envisage «la possibilité» de travailler le dimanche
Le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux, a estimé qu'il fallait offrir «la possibilité» de travailler le dimanche. S'exprimant au forum Radio J, Bruno Le Roux a annoncé qu'il allait proposer une concertation aux syndicats sur ce sujet, pour «arriver à des avancées significatives avant la fin de l'année». «J'aimerais qu'il n'y ait qu'une seule règle, aucune obligation à travailler le dimanche mais une possibilité qui soit offerte, avec un contrôle qui puisse être très strict, opéré par l'Etat», a-t-il dit.
«La loi est la loi», rappelle Jean-Luc Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche (PG) a lui ustigé les entreprises «qui violent la loi». «Je ne comprends pas quand on est une grande entreprise qu'on viole la loi et qu'on s'en vante (...) la loi est la loi, il faut la respecter», a déclaré Jean-Luc Mélenchon, invité du 12/13 Dimanche sur France 3. «La pause hebdomadaire, le fait qu'on puisse au moins un jour dans la semaine être toute la famille réunie, c'est très important», a-t-il dit. «Une toute petite partie des gens qui travaillent le dimanche le fait parce que cela leur convient (...) mais tous les autres sont contraints», a dénoncé Jean-Luc Mélenchon. Ouvrir le dimanche, «ne créera pas un emploi de plus. Les gens qui vont consommer le dimanche sont ceux qui auraient consommé le samedi», a-t-il ajouté.
Pécresse tacle un gouvernement qui «joue contre l'emploi»
Valérie Pécresse, députée UMP des Yvelines, a jugé que «le gouvernement joue contre l'emploi» et que la «loi doit changer». «Je ne suis pas pour la généralisation de l'ouverture des magasins le dimanche sur tout le territoire mais il y a des lieux de vie qui compte tenu des circonstances de consommation exceptionnelle, je pense aux métropoles, aux grandes gares, aux grands centres commerciaux, aux lieux touristiques comme les Champs-Elysées, je pense que dans ces endroits il faut écouter les salariés et les entendre», a déclaré Valérie Pécresse, invitée de l'émission «Le grand entretien» sur RCJ (Radio de la communauté juive).
La loi n'autorise les commerces à ouvrir le dimanche que sous certaines conditions: zones touristiques, périmètres de consommation exceptionnels, ou encore commerces alimentaires jusqu'à 13 heures.