Compte bancaire chez les buralistes: Un bon plan?
BANQUE Le scepticisme domine à cinq mois du lancement...
Le «compte Nickel»? Une bonne idée… sur le papier. Après l’annonce fracassante le 11 juin du lancement en novembre prochain de ce nouveau service bancaire low-cost dans les bureaux de tabac, l’heure est aux interrogations.
Tarifs et procédures encore flous
«Je suis un peu sceptique», confie Paul Loridant, le médiateur auprès de la Fédération bancaire française. «Il est très difficile de se prononcer sur cette nouvelle possibilité offerte aux consommateurs. Quelle va être la procédure à suivre pour ouvrir un compte? Comment cet établissement nouvellement agréé va-t-il procéder à la formation des buralistes? Quelles vérifications seront opérées sur la carte d’identité qui pourrait être falsifiée? Quels frais seront demandés si des opérations non provisionnées se présentaient alors qu’aucun découvert ne serait à priori autorisé? Nous attendons de connaître le détail des procédures pour nous prononcer», poursuit-il
A ce jour, on sait en effet seulement que ce «compte Nickel» coûtera environ 50 euros par an: 20 euros à l’achat plus les opérations payantes comme les retraits d'argent (chez un buraliste ou dans un distributeur). Officiellement, ni agios, ni frais d'incident ne seront perçus. «Un portrait-robot » qui laisse aussi l’Association française des usagers bancaires (Afub) dubitative.
Un public à trouver
«Ces prestations bancaires minimales sans crédit, ni épargne, ni découvert autorisé peuvent être une alternative pour des habitants de communes touchées par les fermetures d’agences ou répondre aux besoins de ceux qui gèrent leur budget au plus près et qui n’ont pas besoin d’une banque qui les accompagne avec une tarification souvent excessive», souligne Serge Maître, président de l’Afub, mais il ne faut pas oublier que pour 50% des Français qui gagnent moins de 1.500 euros, une petite autorisation de découvert est indispensable en fin de mois pour remplir le chariot du supermarché le samedi. Et que contrairement à ce que disent ses promoteurs, ce service ne résoudra pas le problème du surendettement, qui est lié moins à une boulimie de prêts qu’à l’effondrement des ressources», poursuit-il.
Du côté des débitants de tabac, qui dénoncent la fermeture de 7.000 points de vente depuis 10 ans, les espoirs portés par cette nouvelle activité restent aussi à confirmer: «En janvier 2011, la vente de cartes bancaires prépayées et rechargeables dans les bureaux de tabac avait été un demi-échec», rappelle Serge Maître. Et même en cas de succès commercial, les revenus qu’ils pourront tirer de ce «compte Nickel» restent inconnus. «Le montant de la rémunération pour le buraliste n'a toujours pas été fixé. Par exemple, l'Etat nous reverse une rémunération de 5% sur le montant des timbres fiscaux, 1,6% sur le PMU, 5,6% sur les jeux de la FDJ et de 14 à 18% sur la presse», explique Pascal Montredon, président de la Confédération des buralistes.