Quelles entreprises l'Etat pourrait-il (un peu) lâcher?
«Nous envisageons que dans un certain nombre d'entreprises publiques où le taux de participation de l'Etat est très important, nous puissions dégager une partie pour financer de l'investissement.» Voilà ce qu’a annoncé, dimanche, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Mais quelles entreprises pourraient être concernées par ce désengagement de l’Etat? 20 Minutes fait le point.
Que veut faire le gouvernement?
Vendre certaines de ses participations dans des entreprises. Les recettes générées lui permettraient non pas de «boucher les trous du budget», comme l’a assuré Jean-Marc Ayrault, ni même de réduire la dette de la France –elle s’élevait à près de 1.834 milliards d’euros fin 2012– mais de «financer de l’investissement».
Pierre Moscovici, ministre de l’Economie, l’a confirmé ce lundi: «Nous avons besoin d'investissement. Ce qui est crucial aujourd'hui, c'est la relance de notre économie, la croissance, la création d'emplois, et pour cela il faut tout faire pour investir et le faire sans creuser les déficits puisque nous voulons garder le cap du sérieux budgétaire.»
Que possède l’Etat exactement?
Des parts dans une cinquantaine d’entreprises, plus ou moins publiques. Certaines sont cotées, telles que Aéroports de Paris, Areva ou encore France Télécom. Le 2 mai dernier, le portefeuille de l’Etat s’élevait à 62,52 milliards d’euros.
L’Etat français possède également des participations dans le capital de sociétés non cotées, comme La Poste, la Monnaie de Paris ou encore France Télévisions.
Fin 2011, d’après le rapport réalisé par l'Agence des participations de l'Etat (APE), ce dernier disposait, au total, d’un actif de quelque 656 milliards d’euros.
Quelles participations pourrait-il vendre?
Si Jean-Marc Ayrault, tout comme Pierre Moscovici, refuse de dévoiler le nom des entreprises qui pourraient être concernées, le Premier ministre a assuré que la cession concernerait des «entreprises publiques où le taux de participation de l'Etat (dans leur capital) est très important».
Ce qui fait penser, parmi les entreprises cotées, à EDF, puisque l’Etat en détient 84,4%. D’autant plus qu’Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a déjà évoqué en avril cette possibilité. S’il allait jusqu’à céder 14,4% du capital de cette entreprise –le maximum autorisé par la loi- l’Etat pourrait récolter près de 4,7 milliards d’euros.
Parmi les autres entreprises cotées, l’Etat détient plus de la moitié du capital d’une seule société: Aéroports de Paris (54,54%). Parmi les non cotées, le choix est plus vaste, puisque l’Etat détient entièrement plusieurs ports (Dunkerque, Le Havre, Marseille, Nantes, Rouen, Paris) mais aussi 60% de nombreux aéroports (Lyon, Montpellier, La Réunion, Strasbourg, Toulouse). Toujours dans le secteur des transports, l’Etat détient aussi 100% de la RATP et de la SNCF.
Dans un entretien accordé à Atlantico, Jean-Marc Daniel, professeur à ESCP-Europe, estime que «l’Etat n’a aucune raison de garder une participation dans Renault ou Air France. On l’a oublié mais les chemins de fer, les transports urbains, l’électricité ont commencé leur existence sous forme d’activité privée. D’ailleurs, la politique européenne de la concurrence exige que ces activités soient privatisées et allouées sur la base d’une mise en concurrence. Il n’y a plus que deux villes (Paris et Marseille) où les transports sont publics».
Parmi les autres entreprises non cotées dans lesquelles l’Etat détient une majorité de capital, citons notamment la Française des Jeux (72%), le groupe La Poste (77,1%), Nexter (armement terrestre, 100%) ou encore Radio France et France Télévisions, toutes deux entièrement sous le contrôle de l’Etat. Rappelons également que Pierre Moscovici a exclu que les cessions portent sur l'ensemble du capital.