La France aura bientôt son Printemps arabe
L’avenir du Printemps se précise, après la tenue mardi d’un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire. L’occasion de faire le point sur la vente de cette enseigne aux seize grands magasins.
A qui appartient Le Printemps?
Pour 70%, au fonds allemand Rreef, lui-même géré par la Deutsche Bank. Les 30% restants appartiennent à la société d’investissement Borletti Group, pilotée par l’homme d’affaires italien Maurizio Borletti et dont le siège est au Luxembourg. Rreef et Borletti Group s’étaient offert Le Printemps en 2006. Ils l’avaient racheté pour 1,1 milliard d’euros au groupe français PPR.
Qui veut racheter l’enseigne?
Il y a deux véritables offres. Primo, celle portée par l’un des deux propriétaires actuels: Borletti Group. Il propose de racheter à Rreef ses 70% avec l’aide d’un fonds qatari. Ce fonds, du nom de Qatar Holding, est l’une des branches du fonds souverain Qatar Investment Autority (QIA). En 2010, il s’était déjà offert Harrods, un grand magasin chic de Londres (Grande-Bretagne), dont il est toujours propriétaire aujourd’hui.
La seconde offre est portée par les Galeries Lafayette. Leur première proposition –1,6 milliard d’euros– a été déclinée, Borletti Group s’y opposant. Mais les Galeries Lafayette ne veulent pas en rester là. Son patron, Philippe Houzé, avait lancé dans les colonnes du Figaro un appel aux investisseurs qataris pour l’épauler dans cette acquisition.
Reste que d’après le CCE qui s’est tenu mardi, Borletti Group et ses partenaires qataris devraient emporter la partie. Maurizio Borletti est en effet en négociations exclusives avec Rreef, et le rachat devrait être bouclé d’ici cet été. Si aucun montant n’a été dévoilé, la transaction pourrait s’élever de 1,8 à 2 milliards d’euros.
Qu’en disent les salariés?
Ils sont divisés. Certains syndicats, à l’instar de l’Ugict-CGT, défendaient le projet des Galeries Lafayette. Son secrétaire général, Bernard Demarcq, avait même écrit au gouvernement: «Avec le projet de Philippe Houzé, nous avons aujourd'hui l'opportunité qu'un grand magasin français revienne enfin sous pavillon français, avec une stratégie on ne peut plus claire pour son avenir et pour l'avenir des emplois.»
Ce qui laisse sceptique l’Unsa: «Avec les Galeries Lafayette, c'est le travail le dimanche qui nous attend. C'est l'obsession de Philippe Houzé, qui veut faire classer le boulevard Haussmann en zone touristique. En plus, la fusion des centrales d'achat des deux enseignes mettrait en péril 600 à 700 emplois», s’alarmait dans Le Journal du Dimanche Georges Das Neves, secrétaire général de l'Unsa Printemps.