Les prix à la consommation baissent, mais est-ce une bonne nouvelle?
C’est un recul d’une ampleur inattendue. En novembre, les prix à la consommation ont diminué de 0,2% après une hausse équivalente en octobre, selon les chiffres publiés mercredi par l’Insee. La raison? La baisse des prix de l’énergie (-1,2%) et des carburants en particulier (-2,3%). Mais pas seulement? Si les prix de l’alimentation et du tabac n’ont pas bougé, les prix des services ont reculé de 0,2% en large partie grâce à la baisse importante du prix des télécommunications (-3,3%), merci Free mobile, et du transport aérien (-5,6%).
Dans ce contexte, l'inflation annuelle n’est plus que de 1,4% (contre +1,9% le mois précédent). Et à première vue, il s’agit d’un bon point pour les ménages. «Un point positif pour la consommation», s’exclame ainsi Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas. De qui donner un soutien au pouvoir d’achat malmené par les hausses d’impôts et les faibles revalorisations salariales. Une bonne nouvelle donc pour la croissance de demain alors que l’activité est au point mort depuis bientôt un an.
Reflet d’une économie moribonde
A l’inverse, cette baisse des prix est malgré tout le reflet d’une économie moribonde. «Il ne faudrait pas qu’elle se généralise en déflation», avertit Hélène Baudchon. Le Japon qui a connu le phénomène dans les années 90 ne s’en est toujours pas remis. A long terme qui dit prix bas, dit marges des entreprises plus faibles avec un risque de destruction d’emplois. Un cercle vicieux qui ralentirait encore plus l’économie. Pour l’instant, la France n’est pas menacée. L’inflation dite sous-jacente, retraitée des prix soumis à l'intervention de l'État (électricité, gaz, tabac...) et des produits à prix volatils (produits pétroliers, produits frais, produits laitiers, viandes, fleurs et plantes,...) est toujours positive: +0,7% sur un an. Selon Hélène Baudchon, elle devrait se tenir autour de 1% dans les mois à venir.
Malgré tout, la baisse des prix pourrait jouer un mauvais tour aux détenteurs de livret A dont le taux, 2,25% aujourd’hui, est calculé notamment en fonction du niveau de l’inflation. Conséquence d’après les informations du quotidien Les Echos, il devrait être ramené à 2,0% le 1er février. Démenti aussi sec du Premier ministre. «Ce que j'ai cru lire entre les lignes, c'est que le gouvernement aurait l'intention de dégrader la rémunération du livret A: absolument pas… Le livret A est une épargne populaire, utile aux Français, utile aussi au financement du logement social», a dit Jean-Marc Ayrault sur France 2.
En effet pour faciliter la construction annuelle de 150.000 logements sociaux supplémentaires, le gouvernement a déjà relevé son plafond de 25%. Il devrait faire de même l’an prochain pour le porter à 22.950 euros. Résultat: les Français y ont placé plus de 23 milliards d’euros depuis janvier, du jamais vu. Cependant une baisse du taux du livret A rendrait un fier service aux acteurs du logement social. Il sert de base aux prêts qui leur sont octroyés.