Commerce spécialisé: Les fermetures devraient se multiplier
CONJONCTURE La baisse du pouvoir d'achat et la hausse des loyers fragilisent les enseignes du commerce spécialisé, en souffrance depuis 2009...
En centre-ville comme en périphérie, le paysage du commerce devrait fortement évoluer. «Il va y avoir beaucoup de mouvements, certaines boutiques vont chercher à s’agrandir, d’autres à réduire leurs surfaces. Mais il y aura aussi beaucoup de fermetures», prédit Michel Pazoumian, délégué général de Procos, la Fédération pour l’urbanisme et le développement du commerce spécialisé qui représente 260 enseignes et 60.000 points de vente en France.
Le prêt-à-porter femme chute de 5,5%
Sur le premier semestre 2012, le chiffre d’affaires de ces commerces est resté quasi stable, à +0,25%. Mais avec des résultats très variables. Si les boutiques d’hygiène, de beauté et de santé tirent leur épingle du jeu (+2,70%), les commerces spécialisés en culture, sport et loisirs souffrent (-1,5%) tout comme ceux de la restauration et de l’équipement de la maison, qui signent tous deux des reculs de 1,7%. A noter également la très mauvaise performance du prêt-à-porter femme, qui plonge de 5,5%.
«Depuis 2009, la chute du chiffre d’affaires des commerces spécialisés est très importante. Jusqu’à présent, les enseignes maintenaient leurs parcs, mais celles qui ne parviennent pas à négocier leurs loyers ou à maintenir leurs charges vont devoir fermer», assure Jean-Luc Bret, président de Procos et PDG de La Croissanterie. Et d’ajouter: «Dans les commerces traditionnels, les frais fixes représentent la moitié de l’activité et jusqu’à 70% dans la restauration».
Difficile de tenir le choc, quand la consommation ne cesse de ralentir. Les commerces installés en périphérie, dans les galeries marchandes et autres centres commerciaux, souffrent particulièrement: depuis 2007, leur fréquentation a chuté de 10%. En centre-ville, la situation est un peu moins tendue. «Nous ne pouvons pas donner une tendance de fréquentation exacte, mais nous estimons le ralentissement à -5%», précise Michel Pazoumian.
Des loyers qui explosent
Même les soldes ne compensent plus cette érosion. Le décrochage serait en outre encore plus conséquent depuis le mois d’avril. «Nos adhérents nous disent que les seules variables d’ajustement possibles sont l’immobilier et l’emploi, mais l’immobilier ne cesse d’augmenter», avance Michel Pazoumian.
Les loyers commerciaux enregistrent en effet de fortes progressions, ils ont explosé de 45% entre 2000 et 2012, pour ceux basés sur l’indice du coût de la construction (ICC). Seule solution selon Procos: faire en sorte que les commerçants de centre-ville passent à des loyers indexés sur l’indice des loyers commerciaux (ILC), dont la progression est moins forte (+8% en quatre ans, contre +15% pour l’ICC). Si la quasi-totalité des enseignes installées en périphérie bénéficient de ces loyers, moins de 25% des baux de centre-ville sont passés à l’ILC.
Ce qui ne manquera pas d’alourdir dans les mois qui viennent le taux de vacance, déjà en hausse. Il dépasse les 10% dans certains centres-villes, contre 6 à 7% il y a cinq ans.