Le gouvernement portugais garde le cap de la rigueur malgré la grogne sociale

DETTE Les nouvelles mesures prévoient également une imposition supplémentaire des revenus du capital et du patrimoine et une taxation des opérations financières...

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Le gouvernement portugais a annoncé mercredi une hausse généralisée des impôts en 2013 dans le cadre des mesures d'austérité destinées à remplacer celles qu'il a abandonnées face à un mécontentement populaire sans précédent depuis que le Portugal est sous assistance financière.
Le gouvernement portugais a annoncé mercredi une hausse généralisée des impôts en 2013 dans le cadre des mesures d'austérité destinées à remplacer celles qu'il a abandonnées face à un mécontentement populaire sans précédent depuis que le Portugal est sous assistance financière. — Patricia de Melo Moreira afp.com

Le gouvernement portugais a annoncé mercredi une hausse généralisée des impôts en 2013 dans le cadre des mesures d'austérité destinées à remplacer celles qu'il a abandonnées face à un mécontentement populaire sans précédent depuis que le Portugal est sous assistance financière.

Le gouvernement a ainsi prévu d'augmenter les impôts sur le revenu en appliquant une taxe extraordinaire de 4% et de réduire de huit à cinq les tranches d'imposition, a expliqué le ministre des Finances Vitor Gaspar au cours d'une conférence de presse.

Le taux moyen d'imposition passera ainsi de 9,8% en 2012 à 13,2% en 2013, ce qui devrait permettre un gain d'environ deux milliards d'euros et une réduction du déficit public à 4,5% du PIB l'année prochaine.

"L'ajustement se révèle plus difficile que prévu", a souligné le ministre, tout en appelant ses compatriotes à la "la cohésion nationale".

Les nouvelles mesures prévoient également une imposition supplémentaire des revenus du capital et du patrimoine et une taxation des opérations financières dont les modalités doivent encore être précisées. Elles seront inscrites dans le budget 2013, qui sera présenté au parlement le 15 octobre.

Elles sont notamment destinées à remplacer un projet du gouvernement de compenser une baisse des charges patronales par une augmentation des cotisations sociales des salariés. Le Premier ministre, Pedro Passos Coelho, a dû y renoncer face à la colère de centaines de milliers de personnes qui, le 15 septembre, ont manifesté à Lisbonne et dans une trentaine d'autres villes portugaises, à l'appel de groupes apolitiques.

Le ministre des Finances a toutefois indiqué qu'en raison de l'abandon de la baisse des charges patronales, qui était censée encourager la création d'emplois, le chômage devrait frapper l'année prochaine 16,4% de la population active au lieu des 16% prévus précédemment.

Avant même d'être annoncées aux Portugais, les nouvelles mesures ont été transmises à la Commission européenne qui les a approuvées, a récemment révélé le président de la Commission, le Portugais José Manuel Barroso.

Exigées par la troïka (UE-FMI-BCE) représentant les créanciers du Portugal, elles sont indispensables pour que ce pays reçoive une nouvelle tranche d'aide de 4,3 milliards d'euros dans le cadre du plan de sauvetage de 78 milliards d'euros dont il bénéficie depuis mai 2011.

La troïka avait en effet approuvé le précédent projet de M. Passos Coelho, et accepté en échange d'alléger ses objectifs de réduction du déficit public, lui accordant même une année supplémentaire (2014 au lieu de 2013) pour revenir dans les limites fixées par l'Union européenne.

Le ministre des Finances s'est par ailleurs chaudement félicité d'une opération d'échange d'obligations, réalisée dans la matinée, et qui va permettre au Portugal de repousser jusqu'à 2015 le remboursement d'environ un tiers des quelque 10 milliards d'euros de titres venant à maturité en septembre 2013.

Cette opération "marque sans équivoque le retour du Portugal sur les marchés de la dette publique", a souligné M. Gaspar.

Mais alors que le gouvernement continue de bénéficier de la confiance de ses bailleurs de fonds, celle de la population, qui jusqu'à présent semblait résignée à l'austérité, commence à lui faire sérieusement défaut.

Profitant du mécontentement, le principal syndicat portugais, la CGTP, devait appeler dans la journée à une grève générale après avoir réussi samedi dernier à rassembler environ 100.000 personnes dans le centre de Lisbonne.