Thierry Hesse: «La morosité s'arrêtera aux portes du Mondial 2012»
INTERVIEW Le commissaire général du salon automobile parisien décrypte les temps forts de l'édition 2012 qui ouvrira ses portes au public samedi...
Le Parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris s’apprête à accueillir une nouvelle édition du plus vieux et le plus grand salon automobile de monde. A la veille de l’ouverture jeudi à la presse, et deux jours avant son lancement officiel auprès du grand public, Thierry Hesse, le commissaire général de l’événement, explique à 20 Minutes les tendances fortes de ce cru 2012, organisé dans un contexte économique particulièrement difficile pour la filière automobile.
L’automobile peut-elle encore une fois être à la fête au Mondial alors que la crise frappe la filière?
Pour nous, la morosité s’arrête aux portes du salon. Ce Mondial 2012 promet d’être une belle fête et un bon cru, avec la présence de tous les constructeurs mondiaux, les Français en tête puisqu’ils jouent à domicile, et des stands de grande qualité, qui ne voient pas leur taille diminuer. Grâce à plus de 100 premières, ce Mondial 2012 sera une vitrine pour toute l’industrie automobile mondiale et encore une fois un salon de rêve.
Ne craignez-vous pas que les tensions sociales autour du plan de restructuration de PSA ne viennent s’inviter à la fête, notamment à l’occasion des visites de responsables politiques?
Je suis très heureux et honoré que le chef de l’Etat, le Premier ministre et plusieurs membres du gouvernement viennent s’exprimer au salon. Cela montre l’importance que l’Etat accorde à l’automobile. Quant aux éventuels mouvements sociaux, ce n’est pas une nouveauté que certaines organisations syndicales profitent de l’hypermédiatisation de l’événement pour faire entendre leur voix. C’est de bonne guerre. Et en tant que commissaire général, c’est ma responsabilité de veiller à ce qu’il n’y ait pas de débordement et que la sécurité du salon soit assurée.
Face à l’émergence de nouveaux salons automobiles, notamment en Asie, Paris est-il toujours aussi incontournable pour les constructeurs?
Paris reste de loin le salon le plus fréquenté au monde: malgré les grèves de transports et les blocages de carburant, nous avions accueilli en 2010, 1,2 million de visiteurs et nous en visons 1,3 à 1,5 million cette année. Dans un contexte de conjoncture mondiale difficile, les constructeurs français comptent donc évidemment sur «leur» salon pour exposer leurs nouveautés mais aussi pour relancer le marché. Pour les constructeurs étrangers, au-delà de leur intérêt pour le marché français, la présence de plus de 13.000 journalistes venant de plus 100 pays, garantit une forte médiatisation mondiale pour des lancements importants.
Le salon est-il devenu un rendez-vous plus médiatique que commercial?
Oui, autrefois, le Mondial était un salon de vente et les provinciaux «montaient» souvent à Paris pour y acheter leur véhicule. Aujourd’hui, c’est avant tout un salon d’image et il n’y a pas à ma connaissance de politique tarifaire préférentielle. Mais cela permet toutefois des prises de commandes qui sont renvoyées ensuite vers les réseaux de concessions. Et pour certains spécialistes, notamment de voitures luxueuses, l'aspect commercial du salon est important.
Le nouveau pavillon dédié cette année aux voitures vertes pourra-t-il donner le coup d’accélérateur à ce segment à la peine?
J’en suis persuadé. La grande nouveauté par rapport à 2010 c’est que les voitures sont aujourd’hui commercialisées. Les constructeurs ont fait des efforts très importants en termes de nouveaux produits et les visiteurs vont pouvoir les essayer comme un véhicule «normal», c'est-à-dire non pas sur un «manège» comme c’est le cas dans certains salons, mais sur une piste de 11.000m² et aussi sur la voie publique. Maintenant, c’est aux pouvoirs publics de prendre le relais pour favoriser les infrastructures de recharge qui permettront au marché de se développer.
Le salon fait la part belle au rêve, mais prend-il en compte la réalité économique des budgets sous contrainte des ménages?
Le Mondial est la vitrine de toute l’industrie automobile: il y en a pour toutes les envies et pour toutes les bourses, de la voiture la plus luxueuse à la petite citadine abordable, et il y a même des voitures d’occasion à vendre. C’est une des caractéristiques de ce salon qui le distingue de nombre de salons étrangers: le Mondial a le souci d’être le plus exhaustif possible.