Face à l'érosion de leur pouvoir d'achat, les consommateurs se serrent les coudes
CONSOMMATION Selon une étude des «Cahiers de la consommation» menée par le Crédoc et Pair Conseil, le recul du pouvoir d'achat par ménage va s’accélerer d'ici 2014 dopant de nouveaux modes de consommation alternatifs...
Attention, terrain glissant! Après une légère hausse de 0,2% en 2009, et une érosion contenue de -0,2% en 2010 et -0,5% en 2011, la baisse du pouvoir d’achat des ménages français devrait dangereusement s’accélérer dans les deux ans qui viennent, à -1,2% par an en 2012 et en 2013 selon les estimations du Crédoc et de Pair Conseil.
Des revenus à l’épreuve du chômage et de l’austérité
Un décrochage qui tient en premier lieu àla flambée du chômage enregistrée ces derniers mois, qui devrait porter le taux de sans emploi à près de 11% fin 2013. «Cela joue sur la baisse des salaires, mais aussi avec la montée du chômage de longue durée sur le niveau des prestations», souligne Pascale Hébel, directrice du département consommation du Crédoc.
Une dégradation à laquelle viennent s’ajouter les effets de la politique d’austérité budgétaire menée par les gouvernements successifs. «En 2012, et particulièrement en 2013, le revenu des ménages sera impacté par les hausses d’impôts, les faibles revalorisations des prestations sociales (retraites, allocations familiales) et la pression sur les revenus d’activité», notent les auteurs de l’étude dans un communiqué. Une faiblesse des revenus après impôt que l’inflation modérée ne suffirait pas à compenser.
L’obsession du meilleur prix, même dans l’alimentation
Résultat: si la consommation globale en volume devrait stagner (+0,1% en 2012 et +0,4% en 2013), les dépenses en volume par ménages devraient elles reculer, avec des arbitrages de plus en plus contraints entre les différents postes d’achats. «Si il est classique que les achats d’automobile ou les autres bien de consommation durable (meubles et électroménager) soient revus à la baisse, l’habillement n’avait encore jamais été autant touché. Et on voit dans la crise actuelle de plus en plus de jeunes arbitrer sur les dépenses d’alimentation», souligne Pascale Hébel.
Dans ce contexte, la recherche des prix bas ou du bon plan devient un comportement réflexe chez les consommateurs français: l’attention aux prix a ainsi progressé de 7 points entre 2011 et 20125, 84% des Français se déclarant désormais incité «beaucoup» ou «assez» à acheter un produit proposant un prix compétitif.
Plus profondément encore, la dégradation prolongée du pouvoir d’achat accélère le développement de mode de consommation collaboratifs ou en direct entre consommateurs: achats groupés, plateforme de troc, dépôt/vente, covoiturage…. La proportion de consommateurs ayant déjà vendu un produit d’occasion sur Internet est ainsi passée de 15,5% en 2007 à 38,3 en 2012 selon l’étude. «Ces achats restent minoritaires mais la crise à accentué cette tendance, avec une forte demande de solidarité et de partage qui s’installe, avec des ressorts bien sûr économiques mais aussi écologiques» commente Pascale Hébel.