« Elle vit avec moi tout le temps », pour les fans de Mylène Farmer, la tournée « Nevermore » a déjà commencé

Culte A quatre jours du premier concert à Villeneuve d'Ascq, près de Lille, les fans de Mylène Farmer sont déjà au taquet devant le stade

Gilles Durand
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De gauche à droite, Jessy, David, Nathalie et Ana, quatre fans de la première heure de Mylène Farmer devant le stade pierre-Mauroy à Villeneuve d'Ascq, près de Lille, où aura lieu le concert inaugural de la tournée « Nevermore 2023 », le 3 juin.
De gauche à droite, Jessy, David, Nathalie et Ana, quatre fans de la première heure de Mylène Farmer devant le stade pierre-Mauroy à Villeneuve d'Ascq, près de Lille, où aura lieu le concert inaugural de la tournée « Nevermore 2023 », le 3 juin. — G. Durand
  • Quatre jours avant le premier concert de la tournée de Mylène Farmer à Villeneuve d'Ascq, près de Lille, une dizaine de fans attendent déjà devant le stade.
  • Les fans attendent l’autorisation de poser la tente dans la future file d’attente.
  • On a rencontré une Strasbourgeoise qui a suivi toutes ses tournées depuis 1989.

Samedi soir, ils seront 45.000. Ce mardi matin, ils et elles étaient déjà une petite dizaine installés devant le stade Pierre-Mauroy à Villeneuve d'Ascq, près de Lille. Leur passion commune a un nom, Farmer, et un prénom, Mylène. Tous attendent le concert inaugural de la nouvelle tournée baptisée « Nevermore 2023 ». Chacun veut être « aux premières loges ». Alors, chaque jour, ces fans attendent l’autorisation de poser la tente dans la future file d’attente.

« Les premiers sont arrivés au stade, le 1er mai », lance Ana. Cette Strasbourgeoise est de toutes les tournées de l’artiste depuis la toute première, en 1989, quand elle avait 17 ans. Sa copine d’origine biélorusse Anna, qui l’accompagne, a connu Mylène Farmer lors d’un concert en Russie, en 2000. « Devant la scène, la sécurité, armée de kalachnikov, demandait aux spectateurs de rester calme, raconte-t-elle. Mais c’était de la folie. On n’avait jamais vu un spectacle comme ça chez nous. »

« Elle sait qu’on sera toujours là »

Toutes deux sont arrivées de Strasbourg dans la nuit de vendredi à samedi, une semaine avant l’événement. Tous les matins, elles affrontent le vent qui s’engouffre dans l’avenue du stade. Mais qu’importe, emmitouflées dans leur polaire, elles dégagent l’ardeur de la passion. Celle qui ne se décrit pas. Celle qui entoure le culte de Mylène Farmer depuis son premier tube Maman a tort, en 1984, il y a bientôt 40 ans.

La timidité légendaire et la discrétion de la chanteuse dans les médias n’ont fait, depuis, que renforcer sa notoriété. Sans promotion, elle continue de remplir des stades entiers. La tournée affiche sept dates sur treize à guichets fermés. « Mieux que la bourse », plaisante Nathalie, qui vient de Montpellier et s’installe, son siège pliable à la main. « Elle sait qu’on sera toujours là », glisse Ana.



Mais pourquoi cette attirance ? « Elle nous bouleverse depuis le début. C’est une femme humble, humaine, exceptionnelle », témoigne Nathalie. « C’est une artiste qui veut rester hors du système et c’est bien, poursuit Ana. C’est normal qu’elle soit distante avec ses fans. » En 1991, Mylène Farmer a dû faire face à la mort d’un réceptionniste tué par un fan parce qu’il refusait de donner l’adresse de la star.

« C’est comme un budget vacances »

Une adresse que certains parviennent pourtant à dégoter, comme Greg qui habite à Paris. « J’ai eu la chance de lui parler. C’était en novembre 2019, j’ai aussi fait un selfie avec elle devant son domicile. Elle était en jogging avec sa sœur », raconte-t-il avec émoi. Lui parle d’une « émotion indescriptible équivalant à un orgasme » lors de son premier concert en 1999.

Cette année, il va suivre 12 des 13 dates. « Aide soignant, je travaille douze heures par jour alors j’ai des récupérations », précise-t-il. Mais la passion nécessite aussi un gros budget qui va au-delà des 120 euros de la place de concert. Il faut y ajouter le déplacement, mais aussi le logement pour les nuits précédents le concert. « C’est comme un budget vacances. Il faut économiser. Heureusement qu’elle ne fait pas une tournée par an », s’amuse Ana.

Toute cette petite communauté se retrouve depuis plusieurs années. « On vieillit ensemble », plaisante Ana. « On ne se connaît pas, mais on reconnaît les visages. On partage l’apéro. Comme au camping », note David. A 70 ans, il vient de Dijon et sera dans la fosse. « Je veux la voir de près. Mon rêve serait de la rencontrer face à face, ne serait-ce qu’une minute. Elle vit avec moi tout le temps. Dès que j’ai un coup de blues, j’écoute ses chansons », avoue-t-il.

« J’ai encore une VHS que je regarde régulièrement »

Devant notre étonnement, Greg renchérit : « Mais elle a aussi des textes joyeux, Mylène. Elle raconte la vie, en fait. Et sa propre vie si on écoute bien. C’est comme ça qu’on la connaît. » Et d’apprendre ainsi auprès des fans que Mylène Farmer « fume » et « adore le champagne et les fraises Tagada ». Chacun compare ses chansons préférées, ses anecdotes. Ça va, ça vient sur le parvis du stade.

Cette fois, c’est Jessy, 34 ans, qui débarque. « Moi, j’habite Villeneuve d'Ascq et je viens rencontrer les fans pour partager », indique le jeune homme qui a été bercé par Mylène Farmer grâce à sa sœur. « C’est la seule artiste qui est capable de me mettre la larme à l’œil. J’ai encore une VHS du concert du Stade de France en 1999 que je regarde régulièrement. »

Et si Mylène Farmer était une sorte de Peter Pan moderne ? « C’est vrai que c’est l’artiste de l’adolescence, reconnaît Anna, la Biélorusse. Tant qu’on la suit en tournée, on ne sent ni grandir, ni vieillir ».

Une ingénierie pharaonique

A en croire les premiers fans arrivés sur place, le spectacle proposé par Mylène Farmer risque d’être gigantesque. Ils ont déjà dénombré plus de 90 camions transportant le décor, les éléments de scène et le matériel. Selon eux, il s’agit d’un record. Trois groupes électrogènes sont également arrivés sur place pour appuyer la puissance électrique du concert. Le montage de la scène a commencé en début de semaine. Il nécessite cinq jours de travail. Le stade Pierre-Mauroy a fermé son toit pour préserver le secret jusqu’à l’ouverture des portes.