«Les Choristes, le spectacle musical»: «L'histoire reste d'actualité treize ans après le film», estime Christophe Barratier
INTERVIEW Christophe Barratier évoque pour « 20 Minutes » l’adaptation en comédie musicale de son film de 2004 au succès phénoménal…
C’était l’un des succès surprise au cinéma en 2004. A l’époque, plus de huit millions de Français ont été bouleversés par Les Choristes. Le film est aujourd’hui devenu un spectacle musical, qui se joue jusqu’au 21 mai aux Folies Bergère à Paris avant de partir en tournée en régions de septembre à décembre. Ceux qui ont été touchés par l’histoire du pion Clément Mathieu, du petit Pépinot et de Pierre Morhange, l’enfant terrible à la voix d’or, retrouveront ces émotions intactes au théâtre. Le réalisateur Christophe Barratier qui a lui-même adapté son film pour les planches a répondu à 20 Minutes.
Quel a été le déclic pour adapter Les Choristes au théâtre ?
L’idée m’était venue un mois après la sortie du film, en 2004. J’en avais discuté avec le producteur Gérard Louvin mais je craignais de ne pas avoir le temps de faire les choses bien, que ça passe pour un produit dérivé, marketing. Le temps a passé et quand on m’a demandé si je songeais à faire Les Choristes 2, j’ai immédiatement refusé mais j’ai repensé à cette adaptation théâtrale. On a eu une offre de Julie Andrews aux Etats-Unis mais nous ne sommes pas parvenus à nous mettre d’accord. Quand Lagardère Live Entertainment m’a parlé des Folies Bergère, je me suis dit que c’était parfait pour respecter la grammaire du film, à taille humaine, car le spectacle ne se prête pas à une tournée des Palais des sports et des Zénith.
Qu’est-ce qui est le plus dur lorsque l’on transpose son film pour les planches ?
Je n’ai pas eu de difficulté particulière, mais j’ai au contraire pris beaucoup de plaisir. Ce qui est inhabituel car, écrire, c’est généralement 90 % de souffrance. Il était hors de question de mettre de la vidéo, des images du film. Il fallait assumer le fait d’être au théâtre et traduire le style visuel des Choristes avec les moyens inhérents (kakémonos, tournettes sur moteur…). L’aspect musical a dû être développé. Il y a cinq chansons dans le film et une douzaine dans le spectacle. J’ai très vite trouvé la cohérence de l’ensemble à un tel point que j’avais l’impression que la pièce existait avant le film.
Comment avez-vous distribué les rôles des enfants ?
Si l’on veut des garçons qui chantent avec des voix de sopranos, il ne faut pas qu’ils aient mué. Embaucher des enfants de moins de 13 ans implique certaines contraintes du côté du droit du travail. Il était hors de question de s’aventurer à choisir un jeune chanteur par ci et un autre par là. J’ai rencontré la maîtrise des Hauts-de-Seine, l’un des plus grands chœurs d’enfants de France. J’ai alors pu trouver mes quarante-cinq écoliers pour le spectacle, qui sont répartis dans l’une des trois distributions différentes qui alternent les représentations. Pour chacune, je devais désigner un Pépinot, un Morhange… Ce qui n’était pas forcément facile.
La plupart des enfants de la troupe n’étaient pas nés lorsque le film est sorti…
Cela prouve que Les Choristes reste d’actualité treize ans après sa sortie. Quand j’ai fait le film, je voulais qu’il ne soit ni à la mode, ni passéiste. Je souhaitais qu’il soit universel et qu’il interroge le passé pour répondre au présent. C’est moins une distribution qu’une histoire que les gens viennent voir, ils ne cherchent pas forcément à savoir qui reprend le rôle de Gérard Jugnot, en l’occurrence le talentueux Jean-Louis Barcelona.
Envisagez-vous des adaptations du spectacle à l’étranger ?
On commence déjà à recevoir des propositions de pays où le film a été un succès. J’ai constaté que, que ce soit en Inde au Brésil ou en Chine, le public éclatait de rire ou était en larmes aux mêmes moments. Je pense que le sujet des douleurs de l’enfance est universel.
Les Choristes a en effet fait le tour du monde et a même été nommé aux Oscars où « Vois sur ton chemin » a été repris par… Beyoncé. C’est surprenant, non ?
C’est plutôt aujourd’hui que je me rends compte que c’était surréaliste. Vois sur ton chemin, je l’ai écrite en deux heures avec le compositeur Bruno Coulais qui me disait qu’il lui manquait une chanson. Mais je n’ai jamais pensé que Beyoncé la chanterait deux ans plus tard, ni qu’elle deviendrait un tube. J’espère que ce spectacle mettra d’autres chansons en lumière.