On a laissé Deezer choisir notre musique pendant un mois (et on n'a pas aimé)

Musique Pendant 30 jours, je n’ai écouté que la musique que me conseillait Deezer…

Clara Carlesimo
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Pendant un mois, mes oreilles n'ont écouté que les occurrences de Deezer.
Pendant un mois, mes oreilles n'ont écouté que les occurrences de Deezer. — Marion Buiatti

Il y a les tremplins, les festivals et les sites spécialisés. Mais les plateformes en ligne promettent aussi de nous faire découvrir de nouveaux artistes. Pendant 30 jours, je me suis laissée dériver dans la bibliothèque musicale de Deezer, à la recherche de talents inconnus, guidée uniquement par les recommandations de l’algorithme du site. J’ai enfilé mes bottes de matelot et mes écouteurs. Me voilà enfin prête à affronter la tempête musicale promise.



 

Semaine 1 : Je débute mon voyage avec 523 albums, ajoutés à ma bibliothèque pendant quatre années deezeriennes. Rock, folk, post-punk, progressif : un spectre trop restreint.


Pour donner un coup de pouce à Deezer, j’enrichie volontairement ma playlist d’un petit peu de chanson française, deux gouttes de reggae, une bonne dose de rap et une pincée d’électro. Après avoir ajouté à ma discographie initiale 79 albums, ma playlist est enfin éclectique. Jour après jour, j’écoute ma nouvelle bibliothèque. Sous la douche, dans la rue, en soirée, au boulot. Inlassablement, je passe mes albums en revue. 

 

Ma discographie Deezer est enfin devenue éclectique. - Capture d'écran

 

Semaine 2 : Il est enfin temps d’appuyer sur "flow", l'équivalent de la fonction « nouveautés recommandées » de Spotify. « Elle analyse la bibliothèque de l’utilisateur pour lui proposer de nouveaux artistes, explique Aurélien Hérault, responsable technologie et innovation chez Deezer. Les algorithmes passent en revue vos artistes, albums, favoris… puis analysent vos écoutes afin de créer une image de vos goûts. » Et plusieurs jours plus tard, première remarque. Peu de rock, pas de folk et encore moins de progressif. Mais Louane, 50 Cent et Bob Marley. « C’est normal, Deezer se cale en priorité sur les dernières écoutes et ajouts des utilisateurs », s’excuse Aurélien Hérault.



Semaine 3 : Je continue donc à voguer entre rap, r’n’b, dubstep et soupe commerciale. « Les démons de minuit », ambiance « soirée alcoolisée à 3 heures du mat’ ». « Le chemin » me ramène à mes 13 ans. Wiz Khalifa termine de me dégoûter du rap. Mais toujours aucune trace de talents confidentiels et de sons inconnus.

A la place, on me propose des mastodontes de l’industrie comme Jason Derulo, Gérard Lenorman, Sexion d’Assaut, Nicky Minaj… Bref, que des artistes dont je connais le nom mais que je n’ai jamais voulu me fader. Et maintenant, je comprends pourquoi. « Flow analyse nos interactions avec lui, explique Aurélien Hérault. Si vous laissez les chansons en entier, il va savoir que ces occurrences vous plaisent. » Mince. 

Semaine 4 : Ça commence à peser lourd, presque à me donner le mal de mer. Toujours les mêmes artistes qui squattent les charts et les soirées clip d’NRJ12. Un portrait-type commence à se profiler au loin. Une surreprésentation des chansons d’amour larmoyantes, entonnées par des femmes au trémolo facile.


Céline Dion, Tina Arena, France Gall et surtout Hélène Ségara. Une bonne cinquantaine de fois, mais toujours la même chanson : « il y a trop de gens qui t’aime ». Deezer peine à se justifier : « Je n’ai pas vraiment d’explication, lance Aurélien Hérault. C’est sa chanson la plus connue et sûrement la plus populaire sur Deezer… »



Bilan : Après 30 jours d’expérience, j’aperçois enfin un bout de terre. C’est la fin de ma traversée infernale. L’avantage, s’il y en a, c’est que je pourrai moucher ma cousine fan de Black M et reconnaître Mark Ronson quand mon voisin l’écoutera à fond. Mes oreilles, elles, vont pouvoir se reposer et arrêter de saigner à longueur de journée.

 

Je vais voir black M en concert ajd je suis trop contente
— Black M Today ☁ (@nxbxdyx) 27 Novembre 2015
Le son de Gradur et Black M il est trop loin
— •BANDITO• (@Miisgo93k) 23 Novembre 2015

Pour les découvertes musicales, il ne faudra donc pas compter sur Deezer, dont la bibliothèque manque cruellement de petits artistes. Privilégiez les radios numériques ou les blogs pointus pour voguer sur le flow sans risque de noyade.