Les pamphlets de Céline vont être réédités au Québec
LIVRES Dans «L'Ecole des cadavres», l'écrivain explique notamment se sentir «très ami d’Hitler, très ami de tous les Allemands»...
A la demande de l’écrivain et de sa veuve Lucette Destouches, âgée aujourd’hui de cent ans, ils n’avaient pas été réédités depuis la fin de la guerre. Les pamphlets de Céline vont pourtant refaire surface à la mi-septembre, à l’initiative de Huit, une petite maison d’éditions québécoise.
«Démystifier ces textes»
Bagatelles pour un massacre (1937), L’Ecole des cadavres (1938) et Les Beaux Draps (1941) seront regroupés dans un ouvrage intitulé Ecrits polémiques et présenté comme «édition critique présentée et annotée par Régis Tettamanzi», professeur de littérature française à l’université de Nantes et auteur d’une thèse sur les pamphlets, précise L’Express. Ce pavé de 1.040 pages ne sera toutefois tiré qu’à 400 exemplaires.
Dans «L'Ecole des cadavres», l'écrivain qui avait été condamné en 1950 pour collaboration explique notamment se sentir «très ami d’Hitler, très ami de tous les Allemands». L’ambition du directeur de Huit? Celle «de démystifier ces textes-là» indique t-il, en affirmant également au quotidien canadien Le Devoir: «Plus ces textes sont cachés et plus ils deviennent attrayants. Ce sont bien sûr des textes haineux, mais datés et éventés»
La veuve de l’écrivain s’oppose toujours à la réédition de ces textes en France, où les œuvres sont encore protégées: elles le sont pendant soixante-dix ans dans l’Hexagone, mais pendant cinquante ans au Canada, d’où la possibilité pour Huit de les rééditer, rappelle Le Figaro. Il n’est toutefois pas difficile de retrouver des versions numérisées des textes sur Internet.
Voilà en tout cas de quoi relancer l’éternelle polémique sur Céline, écrivain français incarnant mieux que personne la question de la dissociation entre l’œuvre et l’artiste. L’année dernière son nom inscrit dans le recueil des Célébrations Nationales 2011 avait suscité l'indignation. Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand avait finalement décidé que Céline ne serait pas célébré.