Stan Lee: «Je trouve formidable que les comics commencent à être si diversifiés»
INTERVIEW Rencontre avec Stan Lee, en juin 2012, au salon du jeu vidéo de l'E3, à Los Angeles, à l'occasion de la sortie du jeu vidéo «The Amazing Spider-Man».
Ses enfants ont grandi, lui ont échappé, ont été adoptés par des millions de personnes. Spider-Man, les Quatre Fantastiques, Iron Man, Hulk, Thor, les X-Men… et bien d'autres superhéros de chez Marvel sont nés de l'imagination de Stan Lee. A 89 ans, ce patriarche de la pop culture était au salon du jeu vidéo de l'E3, à Los Angeles, avant la sortie de «The Amazing Spider-Man», le 29 juin (sur Xbox 360, PS3, Wii, DS et 3DS), une semaine avant le film.
Vous touchez un peu la manette?
Une fois, un gars qui avait créé son jeu vidéo m'a fait m'asseoir et m'en a passé une. J'ai essayé, un peu. Puis il m'a regardé et m'a dit: « Je crois que ça suffira, Stan…» Non, je ne joue pas. Je suis nul!
Pourquoi des auteurs de comics contribuent-ils au jeu vidéo?
L'industrie vidéoludique, si jeune et devenue énorme, est vraiment propulsée par les superhéros. Je suis davantage impressionné par les jeux vidéo que par les films, car ils sont plus complexes à réaliser. Mais comment font-ils ça? Ces créateurs sont des génies! Je suis émerveillé par le fait que l'éditeur Activision ait fait de moi un personnage dans le jeu «The Amazing Spider-Man».
Comment cela s'est-il passé?
Je suis allé au studio, ils m'ont équipé de plein d'instruments électroniques. Puis ils m'ont dit: «C'est bon, vous pouvez rentrer chez vous, on fera le reste.» Je ne me suis même pas encore vu, j'espère que j'ai l'air bien.
Vous faites aussi des apparitions au cinéma. Vous êtes ravis de voir tous ces films consacrés à vos créations?
Complètement. The Avengers… J'ai aimé les héros, les dialogues, l'action, tout! Je suis impatient de voir le prochain Spider-Man au cinéma. J'en ai vu quelques scènes dans les studios Sony, notamment ma brève apparition.
Vous pouvez en dire plus?
Oh non, ils me tueraient ! Je peux juste révéler que je n'y dis rien. C'est l'une de mes rares apparitions silencieuses. J'adore faire des caméos [apparitions fugaces]. C'est participer à un film sans avoir à travailler.
Votre apparition préférée ?
Dans Les Quatre Fantastiques et le Surfer d'Argent, au mariage de Mister Fantastic et de la Femme invisible. On me refuse l'accès de la cérémonie, car à l'entrée, ils ne croient pas que je suis Stan Lee.
Que pensez-vous du fait que Miles Morales, un jeune Noir, ait endossé le costume de Spider-Man, et que Green Lantern, superhéros de DC Comics, ait fait son coming-out?
Je trouve formidable que les comics commencent à être si diversifiés. C'est bien que les auteurs puissent prendre des gens de différentes couleurs de peau pour en faire des superhéros. A notre petite échelle, nous qui travaillons dans les comics essayons de réunir les gens, de faire comprendre aux lecteurs que nous sommes tous avant tout des êtres humains.
Et vous n'avez pas fait que des comics. En 2010, vous avez participé à un manga, Ultimo, avec Hiroyuki Takei…
J'avais écrit le principe de l'histoire. Les scénaristes et dessinateurs japonais ont créé les épisodes. C'est un style très différent de ce que je fais. Quand je les lis, ça me paraît tout à fait nouveau.
Et que connaissez-vous de la bande dessinée française?
Je ne l'ai découverte qu'à un stade avancé de ma carrière. Mais j'étais un ami de Jean Giraud-Moebius. En 1988, il a même réalisé avec moi un épisode du Surfer d'Argent. On s'est rencontrés plusieurs fois. Je suis un grand fan de tout ce qu'il a fait, notamment de sa série «Blueberry». Son décès m'a attristé. J'ai aussi comme ami le réalisateur Alain Resnais… vous avez entendu parler de Hiroshima mon amour ou de L'Année dernière à Marienbad?
Un peu… Qu'avez-vous ressenti à la mort de Ray Bradbury, qui habitait à Los Angeles, comme vous ?
Ça, c'était un grand écrivain! Il s'est emparé de sujets pour en faire des concepts originaux. Son Fahrenheit 451! Personne n'avait pensé à écrire une histoire pareille. La science-fiction, c'est presque comme les superhéros. Dans ce genre littéraire, les gens ont souvent des pouvoirs que les êtres normaux n'ont pas.