Lana Del Rey, la renaissance polémique

REVUE DE WEB L'histoire et l'album de la vraie/fausse pinup indie divisent les critiques...

Philippe Berry
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Lana Del Rey, née Lizzy Grant.
Lana Del Rey, née Lizzy Grant. — DR

Dernière info (mardi): Selon voici.fr, une question du Grand journal sur les accusations de plagiat pour le titre Video Games a été coupée au montage car la chanteuse aurait pris la mouche.

«Il y a deux choses à savoir sur Lana Del Rey», explique la radio NPR à ceux qui ont raté le début. «La première, c'est qu'elle est méprisée par tous les blogueurs musicaux ou presque. La seconde, c'est que le premier point n'a aucune importance.» Pourquoi tant de haine? Car «Lana Del Rey» n'est pas son vrai nom. Et Born to die, sorti lundi, pas son premier album.

Révélée l'été dernier par Video Games, un single envoûtant et vénéneux, Lana Del Rey c'est «l'étrange histoire de la star qui a récrit son passé», accuse Le Guardian. En 2008, elle s'appelle Lizzy Grant, ses cheveux sont blonds platine et ses lèvres, moins pulpeuses. Surtout, son premier EP, suivi d'un album sorti sur un label indépendant, font un flop.



Nouveau packaging

Sa renaissance en icône rétro, en 2011, est vite démasquée par les gendarmes de l'authenticité, notamment le blog HipsterRunoff, qui l'accuse d'avoir façonné son image à coups d'injections de collagène (ce qu'elle dément farouchement). Pire, on apprend qu'elle avait en fait signé chez Interscope (Universal) un mois avant la mise en ligne du clip bricolé de Video Games. Et si elle jure qu'elle écrit ses propres chansons, elle a reçu un coup de main de collaborateurs sur plusieurs titres. Elle fait également face aux accusations de plagiat d'une chanteuse grecque (vidéo ici).

So what?, demande Spin. Bob Dylan s'appelle Robert Allen Zimmerman, les Ramones ne sont pas frères et les parents des Strokes ne sont pas plombiers. En clair, comme le rappelle Rolling Stone, Lana Del Rey n'est pas la première artiste à s'inventer une identité, comme Lady Gaga, David Bowie ou Madonna avant elle. Et de Coldplay à Lady Gaga, les hits accusés d'avoir été copiés ne sont pas une nouveauté.

Le Lana bashing atteint des sommets après sa performance peu inspirée dans Saturday Night Live, mi-janvier. «C'est comme de regarder une fille de 12 ans qui ferait semblant de chanter devant son miroir», allume l'actrice/chanteuse Juliette Lewis sur Twitter. Del Rey réplique: «J'ai toujours été nerveuse sur scène, je ne suis pas une exhibitionniste née.»



Des critiques mitigés

Sur l'album en lui-même, les critiques sont divisés (67% de moyenne sur Metacritic). Pitchfork donne le ton: «Pour tous ses roucoulements sur l'amour et la dévotion, l’album est l'équivalent d'un orgasme simulé, une collection de chansons incendiaires qui brûlent sans passion.» En France, Slate juge le résultat «surproduit et étouffant».

Le conseil du Guardian (4/5), c'est «d'écouter la musique en ignorant les paroles». Lana chante ses ruptures, James Dean et une vie difficile. «No one even knows how hard life was / no one even knows what life was like / I wish I was dead (*)», ce qui sonne un peu creux avec un père millionnaire qui a soutenu sa carrière (notamment avec une page de pub dans un journal local à ses débuts et des connexions dans l'industrie musicale).

Le Telegraph regrette «quelques titres de remplissage», surtout ceux qui lorgnent vers le R&B de Rihanna comme Diet Mountain Dew ou National Anthem. La BBC, de son côté, reste hypnotisée par «la pop cinématographique» de Lana Del Rey (surtout Video Games, Born to Die, Blue Jeans, ou encore l'entêtant Dark Empire) et surtout par sa voix, joueuse et boudeuse, qui fait le grand écart entre Nancy Sinatra et Kate Bush. Lizzy Grant est morte. Longue vie à Lana Del Rey.

Lana Del Rey, pour ou contre? Le débat, c'est dans les commentaires ci-dessous.

(*) «Personne ne sait à quel point la vie fut dure / Je voudrais être morte»