«La Couleur de la nuit» ou la luminosité de la violence
LITTERATURE Le 11-Septembre vu d'Amérique...
«Je pouvais le revoir à ma guise, la télévision ne cessant de le rediffuser comme un jeu vidéo auquel personne ne peut gagner. Il n'y avait pas de limite au temps que j'étais libre de passer à dévorer ces images. Comme d'un fruit qui mûrit jusqu'à l'éclatement, la brusque dilatation, encore et encore, et puis la chute.» Ces mots sont ceux de Mae, héroïne de La Couleur de la nuit de Madison Smartt Bell, lorsqu'elle voit s'effondrer les tours du World Trade Center.
L'envoutement jubilatoire
Ils sont rares, les écrivains américains qui ont raconté le 11-Septembre sous cet angle: un envoûtement jubilatoire face au désastre.Mais Madison Smartt Bell est un écrivain rare. Dans son dernier roman, cet Américain raconte l'histoire de Mae, ancienne membre d'une secte en tout point semblable à celle de Charles Manson, qui avait terrifié l'Amérique dans les années 1960. Sous sa plume, les violences (meurtre, sang, viol) déchirent les pages. «Mais ce n'est pas insoutenable à lire», explique l'auteur à 20 Minutes. De fait, c'est une violence aussi crue qu'enrobée d'une écriture abrasive et lumineuse. Le lecteur dévore les pages comme Mae regarde s'effondrer les tours.
«Il n'y a pas de message moral dans le roman. J'explore une violence que nous avons tous en nous d'une certaine manière. L'écrire, et j'espère le lire, c'est une catharsis. Ensuite, on se sent vidé.»
Prix de Flore
Le prix de Flore 2011 a été décerné mercredi, à Paris, à Marien Defalvard pour son premier roman Du temps qu'on existait (Grasset), la vie d'un homme qui se repenche sur son passé. L'auteur de 19 ans avait agité les critiques. Certains attendaient même que l'on découvre derrière le nom du jeune homme le vrai auteur, quelqu'un de mature et secret. Outre les 6.100 euros, le lauréat a reçu un verre de Pouilly Fumé gravé à son nom, qui l'autorise à consommer sans modération durant un an au Café de Flore.