Au commencement était «Metropolis»
CINEMA Le film majeur de Fritz Lang ressort au cinéma et s'expose à la cinémathèque...
Fritz Lang, cinéaste visionnaire? Assurément. Il suffit de revoir Metropolis pour s'en convaincre. Le film fait, dès jeudi, l'objet d'une exposition à la Cinémathèque française, en même temps qu'il ressort pour la première fois dans sa version originelle de cent cinquante-trois minutes, en salle et en DVD chez MK2.
Le robot qui annonce Z-6PO, l'androïde de Star Wars, c'était lui. Le premier savant fou à la chevelure ébouriffée, aussi. Et la cité futuriste, grouillante et tentaculaire? Lui encore. «La légende veut que Fritz Lang ait eu la révélation de Metropolis en découvrant New York, à l'automne 1924, or le scénario était déjà écrit, raconte l'historien de cinéma Bernard Eisenschitz. Mais pour l'auteur de Fritz Lang au travail (éd. Cahiers du cinéma): «Sa vision l'emportait toujours sur l'écrit. Sans ce voyage à New York, le film aurait été différent.»
Inconscient collectif
Fritz Lang a mis trois cent onze jours et soixante nuits entre 1925 et 1926 pour tourner Metropolis, convoquant, en plus des huit rôles principaux, 750 acteurs et 25 000 figurants, et dépensant six millions de marks, soit cinq de plus que prévu… Surtout, «il n'a cessé, avec son équipe, d'inventer des solutions qui n'existaient pas auparavant», reprend Bernard Eisenschitz. «De nouveaux procédés de prises de vue avec miroirs, qui permettent de composer des images en trompe-l'œil avec des décors qui semblent gigantesques», précise Laurent Mannoni, de la Cinémathèque française. Des images qui marqueront l'inconscient collectif au point de réapparaître dans d'innombrables films. De Blade Runner de Ridley Scott à Star Wars, en passant par Brazil ou Sin City… l'influence de Metropolis est évidente et c'est pourquoi la Cinémathèque propose outre une rétrospective de l'œuvre de Fritz Lang, tout un cycle de films sur le thème des cités futuristes.