Frédéric Mitterrand: Céline ne sera pas célébré
CULTURE La célébration de l'écrivain faisait polémique depuis plusieurs jours...
Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand l'a annoncé vendredi: il a «décidé de ne pas faire figurer Céline dans les célébrations nationales», une «inflexion» qu'il déclare «assumer pleinement».
«Célébrer n'est pas innocent»
A la fois immense romancier et antisémite notoire, Louis-Ferdinand Céline, dont 2011 marque les 50 ans de la mort, agite le monde de la culture depuis plusieurs jours. Son nom inscrit dans le receuil des Célébrations Nationales 2011 suscite l'indignation. L'Association des fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF), présidée par Serge Klarsfeld a déclaré mercredi: «La République doit maintenir ses valeurs: Frédéric Mitterrand doit renoncer à jeter des fleurs sur la mémoire de Céline, comme François Mitterrand a été obligé à ne plus déposer de gerbe sur la tombe de Pétain».
Après cette demande, le président de l'association a précisé jeudi: «Célébrer n'est pas innocent. L'antisémitisme de Céline le discrédite en tant qu'homme et en tant qu'écrivain. Notre exigence me paraît tout à fait naturelle vu les écrits antisémites de Céline. Son talent ne doit pas faire oublier l'homme qui lançait des appels aux meurtres des juifs sous l'Occupation. Que la République le célèbre, c'est indigne.» La FFDJF a notamment reçu le soutien du Crif, Conseil représentatif des Institutions juives de France.
«C'est insensé»
Face à la FFDJ, des intellectuels soulignent de leur côté qu'on ne peut faire l'amalgame entre les idées d'un artiste et son oeuvre. L'écrivain Philippe Sollers, auteur de plusieurs textes sur Céline, expliquait ce vendredi à Bibliobs: «C’est insensé. Il est insensé qu’un citoyen demande au président de la République de retirer un auteur de l’importance de Céline d’un volume officiel paru avec la validation du ministère de la Culture. On ne pouvait pas mieux faire comme pub à Céline».
Comme prévu, Frédéric Mitterrand a présenté ce vendredi le recueil des Célébrations nationales 2011. Le nom de l'écrivain n'y figure donc plus.