« Les enfants sont façonnés par le manga et le jeu vidéo »

Recueilli par S. L.
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   Un petit prince aux yeux bleus et un renard trop bavard, une hérésie ? Les acteurs du dossier répondent… 

 Olivier d'Agay, petit neveu de Saint-Exupéry. « Nous voulions offrir un Petit Prince aux enfants du XXIe siècle, qu'ils puissent découvrir ce héros dans un contexte familial. C'est pour cela que nous avons préféré la télévision au cinéma. Que le Petit Prince ressemble à un petit garçon avec de grands yeux comme dans un manga, pourquoi pas dès lors qu'on ne le voit pas se battre ou faire du kung-fu. Certains choix nous plaisent moins, comme avoir transformé le renard en alter ego comique du Petit Prince. Mais la rose ou le serpent sont magnifiques, les valeurs de courage, d'amitié et d'attention à la nature sont respectées. »
Aton Soumache, producteur pour Method Animation. « Nous savons d'avance les reproches qui nous seront faits. Pourtant, sur la fidélité au dessin, par exemple, ça n'a pas beaucoup de sens, car Antoine de Saint-Exupéry n'est pas dessinateur. Il n'a jamais ­dessiné le Petit Prince deux fois de la même façon. Quant à l'âge du personnage, est-il trop jeune ou trop vieux ? C'est là aussi très relatif. Une étude réalisée par la société Ipsos a montré que le Petit Prince a 5-6 ans pour les adultes alors que les enfants l'imaginent systématiquement plus âgés qu'eux. » 

 Julien Borde, directeur de l'unité jeunesse de France Télévisions. « Le regard des enfants d'aujourd'hui est façonné par une image qui vient de l'animation en 3D et du jeu vidéo. Quand on se lance dans un projet de cette envergure – l'un des plus importants de l'histoire de l'animation – il faut mettre en œuvre les technologies les plus modernes, afin que les enfants puissent se l'approprier pour les dix à quinze ans qui viennent. »