Bordeaux : Pour lutter contre le réchauffement en ville, une microforêt d’aluminium servira d’ombrière
ART L’œuvre « La Carte, à l’ombre de la ville » a été commandée à l’artiste Leandro Erlich pour servir d’ombrière aux futurs habitants d’un nouveau quartier de Bordeaux
- Cette œuvre d’art monumentale va venir coiffer la place Marie de Gournay dans le nouveau quartier Deschamps-Belvédère, sur la rive droite de Bordeaux.
- Il s’agit d’une commande d’un fonds privé créé par l’Etablissement public d’aménagement Euratlantique, pour offrir une ombrière aux habitants, à un endroit où il n’était pas possible de planter des arbres.
- La canopée d’aluminium de 400 m2, a également pris la forme de la carte de Bordeaux, dont l’ombre se projette sur les pavés par un jeu de lumière.
Une sorte de microforêt, mais toute de métal et d’aluminium… Ce jeudi, l’Etablissement public d’aménagement (EPA) Euratlantique, et le fonds privé Créa’Atlantique, ont présenté une œuvre d’art monumentale qui va venir coiffer la place Marie de Gournay dans le nouveau quartier Deschamps-Belvédère, dont la construction s’achève sur la rive droite de Bordeaux.
La Carte, à l’ombre de la ville, est une œuvre commandée par Créa’Atlantique à l’artiste Leandro Erlich, et qui va servir d’ombrière aux futurs habitants du quartier. « Quand on m’a demandé une œuvre qui puisse faire de l’ombre, ma première réaction a été de dire que la plus belle ombre est celle donnée par les arbres, alors pourquoi ne pas planter des arbres ? », rigole l’artiste argentin, qui vit entre Paris et Buenos Aires… « C’est là qu’on m’a expliqué qu’il y avait une contrainte à cet endroit précis, car sous cette place se trouve un parking, et il n’est pas possible d’y planter des arbres. A partir de là, j’ai eu l’idée de ramener l’image de la nature à cet endroit, et de mettre en valeur la relation de l’Homme à la nature, alors que nous sommes responsables du réchauffement climatique. »
« Une pièce qui s’active quand il y a du soleil »
Ce projet qui a pris forme à partir de 2019, répond en réalité à différents enjeux : « créer de l’ombre, aménager un espace public et aussi créer un espace nouveau pour la ville », résume Leandro Erlich. « Il y avait aussi la volonté d’ancrer ce projet sur un territoire, Bordeaux, ajoute Hélène Salmon, directrice générale du fonds Cré’Atlantique. C’est là que Leandro a eu cette idée lumineuse de représenter la carte de Bordeaux. »
Même si cela ne saute pas aux yeux dès le premier coup d’œil, la canopée de 400 m2 a effectivement pris la forme de la ville de Bordeaux, découpée en son milieu par la Garonne. Cerise sur le gâteau, le fleuve, les avenues et les rues de Bordeaux se dessinent au sol par un jeu d’ombre et de lumière. « C’est une pièce qui s’active quand il y a du soleil, en projetant l’ombre de la carte de la ville sur les pavés, poursuit l’artiste, si bien que cette œuvre participe à la promotion de la ville, au même titre que son célèbre Miroir d’eau de l’autre côté de la Garonne, œuvre à laquelle j’ai souhaité répondre. »
La réalisation de l’œuvre a été confiée à la fonderie Fusions, basée dans le Puy-de-Dôme, qui est partie du moulage d’un véritable pin maritime pour la création des 14 arbres d’aluminium de cinq mètres de haut. Dix tonnes d’alu ont été nécessaires en tout. Le fonds privé Créa’Atlantique, créé par Euratlantique et le groupe Bernard, n’a en revanche pas souhaité communiquer le montant de cette commande.
3.500 habitants dans le quartier d’ici à fin 2025
Cette œuvre n’est pas la seule qui va venir aménager les espaces publics d’Euratlantique. « Il y a une trentaine de projets artistiques sur le périmètre d’aménagement de 738 hectares, en comptant les projets éphémères, les performances, explique Hélène Salmon. En œuvres pérennes, nous sommes par exemple en train de déployer un parcours artistique entre la gare et la Méca [Maison de l’économie créative de Nouvelle-Aquitaine], qui est un triptyque représentant des enfants en bronze qui s’activent avec les éléments naturels (l’eau, le vent et la lumière). »
« Cette place Marie de Gournay sera le cœur battant du quartier Deschamps-Belvédère, qui comptera 2.500 habitants à la fin de cette année, et 3.500 à fin 2025, enchaîne Mathilde Diaz, responsable communication d’Euratlantique. Sur cette même place, la scène parisienne La Bellevilloise est en train d’achever la création d’une nouvelle salle, Bien Public, qui accueillera des concerts et des événements. » Histoire de réchauffer un peu l’atmosphère au sein d’un quartier que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de « froid » et minéral, même si quelques arbres, bien vrais ceux-là, ont réussi à se faire une petite place.