Victoires de la musique 2023 : Mentissa pense se défaire de l’image « sortie de The Voice et protégée de Vianney »
jeune talent A 23 ans, Mentissa est nommée parmi les révélations féminines aux Victoires de la musique pour son album « La Vingtaine », sorti en novembre. L’artiste belge vit cela comme un nouveau jalon de son parcours
- L’autrice, compositrice et interprète belge Mentissa, qui a sorti son premier album, La Vingtaine, est nommée en catégorie « révélation féminine » aux Victoires de la musique 2023. La cérémonie sera retransmise en direct, vendredi 10 février, sur France 2.
- L’artiste de 23 ans a été révélée en France à travers The Voice. Mentissa a atteint la finale de la saison 10 en 2021, dans l’équipe de Vianney. Ce dernier lui a écrit la chanson Et Bam, devenue un tube.
- « Comme c’est un peu ma présentation officielle, j’avais besoin de parler de ma vie. J’avais beaucoup de choses à dire, c’est pourquoi il est très autobiographique », déclare-t-elle au sujet de son premier album.
A la fin de l’interview, on lui laisse carte blanche, pour évoquer le sujet de son choix ou aborder un point que l’on aurait oublié. Mentissa n’a pas besoin d’un long temps de réflexion. « Je veux parler de santé mentale. On traverse tous des moments de remise en question où on n’est plus trop sûr, ou alors c’est notre entourage qui change et on perd nos repères. Tout part de là. Il faut prendre conscience que quand quelque chose ne va pas, il est nécessaire d’en parler, de chercher de l’aide. Il faut prendre le temps de prendre soin de soi », lâche-t-elle, d’une voix affirmée ne trébuchant sur aucune hésitation.
La chanteuse de 23 ans se distingue par sa maturité. Elle a les pieds sur terre. Elle nous épargne les propos convenus. Il faut un certain courage pour laisser entendre au moment de nous quitter qu’il lui arrive de vivre des moments difficiles malgré les belles choses qui lui arrivent ces derniers mois. Ce n’est pas un aveu de faiblesse : au contraire, elle évoque ses vulnérabilités pour mieux faire comprendre qu’elle entend leur tenir tête.
« Etre nommée aux Victoires, c’est rassurant »
Vendredi, aux Victoires de la musique, elle sera peut-être sacrée « révélation féminine de l’année » devant Emma Peters et November Ultra. « Est-ce que je m’attendais à être nommée ? Pas du tout. Est-ce que je le souhaitais ? Bien sûr, nous glisse-t-elle, en prenant la peine de reformuler notre question. Nous tous, artistes, travaillons dur et pas pour rien. On donne, on donne, on donne et on espère que, d’une manière ou d’une autre, ça nous reviendra, que ce soit en fidélisant un public, en remplissant les salles de concert, en notoriété… Etre nommée aux Victoires, ça fait plaisir et c’est rassurant parce que quelque part cela nous dit qu’on ne fait pas n’importe quoi. »
Elle se dit que, comme ce sont « les gens du métier qui votent », être plébiscitée par la profession indique qu’elle aborde un nouveau jalon dans son parcours musical. « Je pense que je me défais de l’image "Mentissa qui sort de The Voice, la protégée de Vianney" », confie-t-elle. Puis elle précise son propos. Qu’on ne s’y méprenne pas, elle ne crache ni dans la soupe, ni dans la main qui l’a nourrie.
Oui, elle a été révélée en France par le télécrochet de TF1. En 2021, elle a atteint la finale, dans l’équipe de Vianney. « Je n’ai jamais eu un problème avec l’étiquette The Voice mais si on continue de m’en parler, ça signifie qu’on ne parle pas suffisamment de mon projet personnel, donc ça veut quand même dire quelque chose, suggère-t-elle. Et puis je n’ai pas envie de me détacher de Vianney, c’est mon destin, c’est mon histoire. Si aujourd’hui je suis comme je suis, plus confiante, c’est grâce à lui. Il ne m’a pas seulement ouvert les portes du label Tôt ou tard, il m’a aussi beaucoup rassurée. »
Sa rencontre avec Vianney, « une évidence »
Il lui a aussi écrit une chanson, Et Bam, valse touchante devenue succès au fil des mois. A travers le texte à la première personne, la jeune femme chante son cœur qui bat la chamade à son arrivée à Paris, « gare du Nord en novembre », prête à vivre son rêve de gloire. « La toute première fois que je l’ai chantée, en studio, j’ai senti qu’il se passait quelque chose de spécial. Cela a été une évidence, je l’ai tout de suite embrassée », affirme-t-elle. Elle insiste : « Dans ma rencontre avec Vianney, il y avait quelque chose d’évident, comme si nous étions destinés à nous rencontrer, cette synergie se ressent dans cette chanson. » L’auteur, compositeur et interprète l’a conviée à faire ses premières parties. Un sacré coup de pouce aussi.
Lui, la joue modeste. « Pour être honnête, un mec qui a deux oreilles est capable d’entendre qu’elle est très armée pour aller loin, avance-t-il. Après, dans The Voice, il y a des gens qui chantent bien mais il y a aussi ce qu’ils dégagent, les choix qu’ils font. Pour l’instant, elle se débrouille hyper bien. »
Vianney raconte aussi avoir « halluciné » quand il a vu Mentissa arriver sur la scène de la Halle Tony-Garnier à Lyon, en janvier pour le concert des Restos du cœur. Elle est l’une des nouvelles recrues des Enfoirés. « Le public la réclamait ! relate-t-il. Elle, elle ne change pas. C’est elle qui a bâti ça. »
« Je me sens comme une expatriée paysanne »
« Aujourd’hui, après un an et demi, je peux dire que je suis en train de construire une carrière », avance la chanteuse. En novembre, elle a sorti un premier album, La Vingtaine. « Comme c’est un peu ma présentation officielle, j’avais besoin de parler de ma vie. J’avais beaucoup de choses à dire, c’est pourquoi il est très autobiographique. » Il y est question de ses frères (Petit prince), des injonctions sur les apparences et du complexe du poids (La Balance, dont elle a écrit les paroles) ou bien encore de sa belgitude (Paris-Bruxelles).
« J’ai emménagé à Paris il y a cinq mois. Je m’émerveille toujours autant pour la ville, l’architecture, la saveur du pain. Mais je pense que je ne me sentirai jamais Parisienne parce que je me sens belge et je suis fière de l’être. Techniquement, je viens de la partie flamande, rappelle-t-elle. Je n’ai jamais grandi à Bruxelles, je l’ai découverte à 17 ans. Disons que je me sens comme une expatriée paysanne, j’ai grandi dans une chouette petite commune [Denderleeuw] mais où il ne se passe rien. »
Désormais, elle vit dans un tourbillon, entre la France et la Belgique où elle essaie de remonter le plus souvent possible car elle reste attachée à ses racines. Elle songe déjà à un deuxième album. Aurait-elle envie d’en écrire davantage de textes ? « Je ne suis pas assez indulgente avec moi-même, répond-elle. J’ai des attentes, je veux que les textes soient forts, percutants, sans pour autant aller dans la poésie extrême, mais que ça ait un sens. Quand je compare mon écriture à celle de Vianney, je me dis que je ne vais jamais y arriver. Puis, je me dis qu’il ne faut pas se comparer. J’ai commencé d’écrire pour ce premier album, je me suis pris au jeu, j’aime beaucoup et je continuerai. » Les doutes vite chassés par un regain de confiance en soi. Mentissa veille à prendre soin d’elle et c’est une excellente nouvelle.
Mentissa et le concours Eurovision de la chanson
Nombreux sont les fans de l’Eurovision qui imagineraient bien Mentissa participer au concours. Qu’en pense-t-elle ? « Mon avis a vachement changé. Il y a un an et demi, j’aurais dit oui direct. C’est un concours que j’aime depuis que je suis toute petite, je suis très fan du concept, c’est très stylé. Avant The Voice, pour moi, faire l’Eurovision, c’était le rêve, c’était représenter la Belgique, répond-elle. Et là, après un an et demi de carrière, je dirais plutôt non. Je vois les choses autrement. Ce n’est pas un non négatif ou de rejet, c’est juste que je ne me projette plus dedans. Peut-être parce qu’avant c’était un rêve et que, aujourd’hui, je suis en train de vivre un rêve similaire à cela, tout ce qui m’arrive est tellement incroyable… Et puis, l’Eurovision, représenter un pays, c’est une responsabilité énorme. Avec un peu de recul, je ne suis pas sûre de vouloir la prendre. »