Lyon : C’est quoi ce théâtre flottant, le premier du genre dans le monde ?
PREMIERE MONDIALE L’établissement culturel « L’île Ô », qui flotte sur l’eau du Rhône, à Lyon, ouvre ses portes ce samedi
- Le premier théâtre flottant du monde, installé à Lyon, sur les quais du Rhône, ouvre ses portes samedi après dix mois de travaux.
- 20 Minutes est monté à bord et vous en dit plus sur ce projet inédit.
- Il s’agit d’une première en Europe, voire au monde.
Promis, assister à un spectacle ne donnera pas le mal de mer. « Tout a été fait pour que ce soit stable et qu’on ne sente pas que ça bouge, même avec beaucoup de vent ou des vagues d’un bateau qui passe », assure Jean-Philippe Amy, co-porteur du projet L’Ile Ô. Dès samedi, ce théâtre flottant qui abrite deux salles de spectacle et qui est amarré sur le Rhône au niveau du pont Gallieni à Lyon, accueillera du public. Et c’est une première en Europe, « et même dans le monde », selon ses créateurs.
Si la structure de 39 m de long ne tangue pas, c’est aussi parce qu’elle n’est en rien un bateau. « C’est un bâtiment qui a été construit sur l’eau et qui pèse au total 750 tonnes de béton », précise le cofondateur de l’établissement. Celui qui est également directeur et fondateur du Patadôme d’Irigny, une salle de spectacle et de pratique artistique qui s’adresse au jeune public, voulait développer cette offre pour les plus petits. Il a alors saisi cette opportunité d’emplacement offerte par les Voies navigables de France, le gestionnaire du domaine public fluvial des berges.
« C’est la disponibilité du foncier ou plutôt, son indisponibilité en ville qui nous a poussés à imaginer un bâtiment flottant, poursuit l’autre porteur du projet, David Lahille. Finalement, c’est l’outil parfait pour ramener l’éducation de l’enfant au centre de la cité. » Son partenaire complète : « C’est parfait d’être sur l’eau, c’est le voyage, la vie. Comme le théâtre ! Et nous sommes convaincus que cet établissement original va attirer et devenir un moyen d’attraction pour faire découvrir le théâtre. On n’est pas dans une petite ruelle où personne ne va. » Selon lui, ce projet va en inspirer d’autres. « Pour les enfants, comme pour les grands, quand on a vu une fois ce bâtiment, on s’en souvient », affirme-t-il.
Un bâtiment qui s’intègre à son environnement
Une fois à bord, l’intérieur est fait en bois CLT, ce qui réduit l’encombrement et tout est pensé « pour garder un contact avec l’eau » avec de grandes vitres ou des décors « marins ». Dans la grande salle de spectacle de 244 places, les saillies en bambou qui suivent le mouvement d’une vague sont en réalité « parfaites » pour l’acoustique. Et les premiers rangs sont sous à deux mètres sous le niveau du Rhône. « Pour les exigences du théâtre, il fallait creuser et permettre d’avoir une scène aux normes, détaille le co-porteur du projet. On a aussi développé une autre première mondiale en se servant de l’eau du fleuve pour la mécanique nécessaire au décor. »
Les dix perches des salles sont équipées de réservoirs, à remplir en fonction du nombre de kilos nécessaires pour manœuvrer les décors et les luminaires. « Le bâtiment au complet a été pensé pour être le moins énergivore possible, poursuit David Lahille. L’été par exemple, la coque blanche en acier repoussera les rayons du soleil. Les doubles parois tout au long de l’établissement servent également de conduit pour créer des courants d’air et permettre une ventilation naturelle. Et on a mis en place un système en bois avec des grilles pour nous permettre d’aérer. »
Vu d’extérieur, le bâtiment est assez atypique. Les créateurs expliquent que l’architecte a repris les lignes des bâtiments existants de l’autre côté de la rue pour intégrer la structure dans son environnement. « On a signé pour dix-huit ans mais on ne sait pas ce que nous réserve l’avenir, explique l’un des fondateurs. L’Ile Ô peut aussi bien se transformer en hôtel, en restaurant ou disparaître dans quelques années. On a fait en sorte qu’il soit modulable avec les matériaux qu’on a utilisés afin aussi, de ne pas bousculer l’environnement dans lequel on s’insérait pour au moins un siècle avec cette coque en béton. »
« Une chance » pour la création
Et du côté création aussi, le fait d’être sur l’eau est « une chance incroyable ». Gabrielle D’Imperio Infuso, co-directrice artistique du Pantadôme et de L’Ile Ô désormais, s’exclame : « C’est génial pour les enfants. C’est un terrain de jeu exceptionnel où ils seront plongés dans un univers qui permet l’imaginaire. Quand on entre dans L’Ile Ô, on entre dans une bulle. »
Avant d’ajouter : « Et pour les professionnels aussi. En quelques jours sur place, on a vu qu’on pouvait se servir des éléments qui nous entourent, comme les reflets de la lumière sur l’eau qui se projettent sur les plafonds. Pour les artistes et les spectacles, c’est magique d’autant plus qu’on se plonge entièrement dans le thème. »
La programmation sera liée au Patadôme, avec les mêmes tarifs. En plus de recevoir du public pour les ateliers et les représentations, L’Ile Ô propose aussi aux entreprises des formations et des séminaires liées aux pratiques du théâtre. « Ce sera les jours de semaine car le mercredi et les week-ends sont pour le tout public », assure les gérants qui expliquent ne pas pouvoir se passer d’une activité lucrative en plus de l’association culturelle pour avoir un modèle économique viable.