Les photos colorisées d'une jeune Polonaise tuée à Auschwitz provoquent l'émotion

HISTOIRE Lundi, soixante-quinze ans après la mort de Czesława Kwoka au camp d’extermination, le Mémorial d’Auschwitz a posté un message présentant des portraits colorisés de l’adolescente…

F.R.
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Ces photos  Czesława Kwoka prise dans le camp d'Auschwitz en 1943 ont été colorisée par l'artiste brésilienne Marina Amaral.
Ces photos Czesława Kwoka prise dans le camp d'Auschwitz en 1943 ont été colorisée par l'artiste brésilienne Marina Amaral. — DR - Marina Amaral

Le 12 mars 1943, Czesława Kwoka, une adolescente polonaise de 14 ans a succombé, à Auschwitz (Pologne), à une injection de phénol dans le cœur. « Selon le témoignage d’un survivant [du camp de concentration et d’extermination], Wilhelm Brasse, (…) elle a été battue par l’un des gardes », précise le Mémorial d’Auschwitz qui a posté lundi sur Twitter, soixante-quinze ans après sa mort, des portraits de la jeune fille photographiée juste après qu’elle a été rouée de coups.


Une série de clichés qui a été colorisée par l’artiste brésilienne Marina Amaral. Cette dernière s’est également exprimée sur Twitter : « Czesława Kwoka avait seulement 14 ans, mais elle était plus courageuse que je ne le serai jamais. Si je me fais une petite coupure au doigt, c’est la fin du monde. Elle, a été tabassée par un kapo, mais elle a l’air si forte. Cela m’est apparu encore plus réel et puissant après que j’ai colorisé les ecchymoses et le sang sur son visage. »


Sur la version en couleur de l’image, le triangle cousu sur la tenue de la jeune fille est rouge. « Czesława était considérée comme une prisonnière politique car elle vivait à Zamosc. Elle est restée dans le camp seulement trois mois avant d’être tuée – moins d’un mois après sa mère, Katarzyna Kwoka, qui a connu le même sort », informe Marina Amaral.

« Regardez les yeux de Czesława »

« Je crois fermement au pouvoir que revêt le fait de voir des visages comme celui de Czesława en couleurs, explique l’artiste. Comme je l’ai souvent dit, il est bien plus facile de s’identifier à ces personnes une fois que l’on comprend et qu’on les VOIT comme de vrais êtres humains. Cela peut paraître absurde. Mais s’il est nécessaire d’en passer par là pour apprendre quelque chose et se sentir plus intimement concerné, alors, qu’il en soit ainsi. (…) Cela n’a rien à voir avec moi ou mon travail mais avec le pouvoir qu’ont les couleurs de nous faire comprendre que ces gens qui vivaient des centaines d’années avant nous avaient aussi des familles, des amis et des rêves et ont vécu des moments difficiles – tout comme nous. Regardez les yeux de Czesława. »


Le tweet du Mémorial d’Auschwitz a suscité des centaines de commentaires, a été retweeté plus de 7.500 fois et "favorisé" par plus 36.400 personnes. Les réactions confirment ce qu’explique Marina Arabal. « Absolument déchirant », avance une internaute quand un autre compare ces images à celles, actuelles, « du génocide des Rohingyas, des crimes de guerre syriens, de la brutalité policière envers les Afro-Américains. Ce regard est obsédant.

L’artiste signale que si elle a pu faire ce travail de colorisation, c’est parce que cette photo est tombée dans le domaine public et qu’elle ne réitérera l’expérience que si elle a la permission de le faire. Marina Amaral s’est fait une spécialité de faire passer à la couleur des photographies historiques, qu’il s’agisse d’un portrait de Lincoln ou d’images du Débarquement.