«Les poulpes, futurs maîtres du monde?»: Pourquoi l'animal fait fondre la Toile et couler autant d'encre?
LIVRE JEUNESSE Claire Lecoeuvre signe « Les poulpes, futurs maîtres du monde ? », livre documentaire à la portée de tous, pour tout savoir sur ces animaux marins qui peuplent nos océans et nos imaginaires…
Les poulpes peuplent nos océans, nos assiettes et nos imaginaires, mais pourquoi fascinent-ils autant ? « Les poulpes ont une vraie curiosité, ils viennent assez facilement au contact de l’homme quand on agite la main, ce qui a fait qu’on les a longtemps traités d’imbéciles, alors que c’est tout le contraire », avance Claire Lecoeuvre, auteure du joli livre documentaire Les Poulpes, futurs maîtres du monde?, paru en janvier chez Actes Sud Junior (à partir de 7 ans, 48 pages, 16 euros).
Cette intelligence intrigue les scientifiques, qui « cherchent encore à comprendre comment l’évolution a permis à cet invertébré à huit tentacules d’avoir un cerveau plus important que tous les mollusques, et des capacités similaires à certains mammifères », poursuit-elle. En captivité, l’animalprédit parfois les victoires au foot, mais il se laisse difficilement observer en milieu naturel : si le poulpe se montre vite, il peut disparaître tout aussi vite. Et il sait filer par de minuscules trous et tunnels, tous les soigneurs d’ aquarium vous le diront.
Au fil des pages, joyeusement illustrées par l’artiste iranien vivant à Paris, Pooya Abbasian, le récit alterne deux niveaux de lecture, pris en charge d’un côté par la fiction (et l’histoire de « Poulpi »), de l’autre par une approche plus scientifique (pour un lectorat moins enfantin). Au-delà du célèbre Paul le Poulpe, il en ressort une galerie de personnages et traits de caractère qui viennent nourrir la légende.
1. Le poulpe, bien plus rapide qu’un caméléon
Depuis 2012, les poulpes sont entrés dans le petit club des animaux possédant une conscience. Le temps de cligner des yeux, et un poulpe aura eu le temps de se transformer au moins dix fois. Changer de couleur lui permet de ne pas être vu, mais aussi de communiquer. Un code couleur régit en quelque sorte les relations entre ces céphalopodes : quand il est au noir, mieux vaut fuir.
2. Le poulpe, joueur de Lego
« C’est l’une des rares espèces qui joue, explique Claire Lecoeuvre. Même quand ils ont faim et ont l’opportunité de se nourrir, les poulpes préfèrent le jeu. » Des vidéos ont pu le montrer attrapant des Lego, ou transportant des coques de noix de coco comme une maison où se protéger en cas de danger.
3. Le poulpe, pas si solitaire que cela
On a longtemps cru que les poulpes étaient d’indéboulonnables solitaires. Disons qu’ils ne le sont pas tous. Certains vivent les uns près des autres, et chez le poulpe commun, il arrive que des jeunes s’entraident pour apprendre à chasser. Dans la majorité des cas, la hiérarchie est très forte chez le poulpe. Un dominant fait fuir ou attaque les autres.
4. Le poulpe, orphelin de naissance
À chaque génération de poulpe, il faut tout recommencer, et apprendre à chasser, survivre, se reproduire. Les mères meurent au moment de la naissance des bébés poulpes, les pères peu après. « Pourquoi la femelle déclenche-elle un processus cérébral pour mourir à partir du moment où elle pond, les chercheurs s’interrogent sur cette mort programmée, déclare Claire Lecoeuvre. Longtemps, on a cru que c’était parce qu’elle ne s’alimentait pas, or il s’agit vraiment d’un processus cérébral. »
5. Le poulpe, « mutant » des grandes profondeurs
Plus de 300 espèces de poulpes existent, autant dire une multitude. Leur population est très liée à la surpêche, qui rend leurs prédateurs moins nombreux, et au réchauffement climatique, qui favorise leur reproduction. En 2016, « Casper », une pieuvre des abysses totalement transparente, avait été filmée dans l’océan Pacifique à plus de 4.200 mètres de profondeur. Un autre poulpe pique la curiosité, qui vit lui jusqu’à plus de 5.000 mètres de fond. Il a des oreilles, la peau rouge et des taches luminescentes. Son petit nom ? Dumbo. « Les scientifiques découvrent de plus en plus d’espèces spécifiques », relève Claire Lecoeuvre. Le poulpe, décidément, est loin d’en avoir fini avec son Odyssée.