Phénomène de librairies, «Les Argonautes» de Maggie Nelson questionne le féminin, le genre et la maternité
PHENOMENE Le livre de Maggie Nelson, écrivaine américaine, a enfin été traduit en français et est sorti chez nous en janvier…
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À l’heure où les questions du féminin, de la sexualité, de la maternité ou encore du genre font écho dans nos sociétés, le livre Les Argonautes de Maggie Nelson rencontre un succès phénoménal.
Publié en 2013 et vendu à 50.000 exemplaires aux Etats-Unis, ce livre n’a fait son apparition dans les librairies françaises qu’à la mi-janvier 2018. Et il rencontre déjà un franc retentissement. « L’accueil a été incroyable, et les critiques unanimes », explique Adrien Bosc, fondateur des Editions du Sous-Sol et directeur adjoint de l’édition de la maison mère le Seuil. « Il y a eu un très bel écho du livre, qui s’inscrit dans une question de société qui avance aujourd’hui », ajoute-t-il.
J’ai fini Les Argonautes de Nelson chez @ed_sous_sol ce matin, et c’est tout simplement une longue ode à l’amour sous toutes ses formes.
— Hal Incandenza™ (@Hallncandenza) January 27, 2018
On nous parle de rapport au corps, de la maternité, de genre inscrit dans une société cishétéronormée, de féminisme.
C’est superbe.
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Alors que l’affaire Weinstein et les hashtags #MeToo ou #BalanceTonPorc ne cessent d’être dans l’actualité depuis ces derniers mois, que le « manspreading » est pointé du doigt dans les transports en commun ou encore que le débat sur les transgenres ou le mariage pour tous est animé depuis plusieurs années, ce récit tombe à pic. « Le livre est amené à durer, à s’installer comme référence », indique Adrien Bosc.
Depuis 2015, le livre a été traduit dans une dizaine d’autres langues dans le monde entier. En Angleterre, Les Argonautes deviennent un phénomène. Un mois après la sortie du livre en France, plus de 7.000 exemplaires ont déjà été vendus. La traduction faite par Jean-Michel Théroux au Québec a questionné certains lecteurs. « Qu’est-ce que cela vous fait d’être traduite par un homme ? », a demandé un fidèle lecteur à l’écrivaine lors de son passage à Paris. « Cela ne l’a pas dérangée du tout », explique l’éditeur Adrien Bosc.
La symbiose de l’amour et du corps
Ce récit, entrecoupé de références littéraires et poétiques, et de témoignage de l’auteure, est écrit sans filtre. Les mots utilisés sont forts, et les thèmes abordés également.
Dans ce livre, Maggie Nelson a choisi de raconter son histoire, celle de son couple. Une histoire d’amour à la fois des plus banales - avec une union et l’envie de fonder une famille -, mais également hors du commun avec des métamorphoses chez les deux amoureux.
La première, c’est celle d’Harry, le mari de Maggie. Né dans un corps de femme, il décide d’en finir avec le mal-être qui le ronge depuis tant d’années et change de sexe. Maggie voit elle aussi son corps changer lorsqu’elle s’apprête à devenir mère. À travers ces deux personnages, on découvre un duo fort avec leurs étapes de vie les plus intimes. Maggie met un point d’honneur sur son statut de belle-mère, partage ses interrogations sur son âge et ses relations avec ses parents.
j'ai terminé les Argonautes hier soir. En quatre jours, j'en ai même fait la lecture à ma psy et "les mots ne suffisent pas"
— Florian Bardou (@FlorianBardou) January 17, 2018
Auteure qui a su faire sa place dans le monde de la littérature aux Etats-Unis, Maggie Nelson avait déjà séduit avec son roman Une Partie rouge. En 2019, son recueil de poèmes Bluetssera publié en France. Un ouvrage où il est toujours question d’amour, faisant écho aux Argonautes, mais cette fois-ci sur la question de la rupture sentimentale.