VIDEO. Kaaris: Rap hardcore et titres chantés... Avec «Dozo», le rappeur termine sa mutation
RAP Le rappeur, un pied à Sevran, un pied à Abidjan, revient avec un quatrième album...
Kaaris n’a jamais eu peur d’assumer son côté afro. La couverture de son nouvel opus, le montre assis, dans une rue d’Abidjan, en habit traditionnel, un lendemain de concert. Dozo, un de ses multiples alias, est celui qu’il a préféré au point d’en faire le titre de ce quatrième album, qui oscille entre rap hardcore et titres chantés.
Cette confrérie de chasseurs apparaît dans l’histoire de Soundiata Keïta, le fondateur de l’empire mandingue. « Les dozos y sont protecteurs, ce sont les gardiens du village, de la cité, c’est dans cet esprit que j’ai choisi d’appeler mon album », explique le rappeur à 20 Minutes.
Un titre qui continue de raconter, aussi, son double ancrage, à la fois d’ici, - de Sevran -, et de là-bas, la Côte d’Ivoire, où il est né, il y a 37 ans. Il y a quatre ans, Kaaris arrivait avec l’album Or noir, parrainé par Booba, un poids lourd du genre. Il avait introduit ce personnage de fort à bras, au verbe haut, - lui disait faire « du sale » -, rappant « au feeling ».
Depuis, dans sa carrière, qui a eu « ses hauts et ses bas », il s’est engagé dans un processus le rap a fait place à plus de chant, les instrus très dures cohabitent avec une musique aux accents plus club, afro. Le côté hardcore cru reste très présent. Le rappeur avoue que son rap à lui, c’est l’egotrip, souvent présenté comme étant à l’opposé du rap à textes et à thèmes.
Des tubes rap très dur, la pépite afro Diarabi
Pourtant, à travers les punchlines qui pleuvent dans l’album, on peut brosser un portrait imparfait du rappeur. Morceaux choisis : « Pour nous c’est strass et paillettes, pour toi ce s’ra des balayettes », dit-il dans Dozo, sur le fait qu’il ait amélioré sa vie, mais reste un gars de quartier. « Ils ont pas vu venir le négro, j’ai ramené la trap avec Zoo », veut-il rappeler dans Végéta. On entend Kaaris, l’amoureux conscient de ses imperfections « Des fois j’fais d’la merde, même si j’sais, j’vais te perdre » dans Être Deux, un des morceaux qu’il préfère.
Et depuisOkou Gnakouri, son dernier opus, il semble qu’il ait trouvé la formule, avec deux-trois titres où l’instru tape - Blow, Nador -, et un hit pour les clubs - le parfois très décrié Tchoin -. Dans Dozo, Végéta, l’énergique Kébra – qui donne littéralement envie de construire sa maison seul, voire d’en fabriquer les briques - ou encore l’entêtant Mood, sont les titres rap hardcore qui entourent le futur tube Diarabi.
Dans Dozo, comme dans tous les albums de rap en général, le choix de la musique qui accompagne les textes d’un rappeur est crucial. Si le rappeur se plaint, en s’excusant d’avance d’avoir l’air parano ou de faire son Caliméro, qu’il est difficile pour lui de faire des duos avec d’autres rappeurs, il concède que ses producteurs sont plutôt ouverts.
Des productions musicales stars
« La jeune génération se fiche des clashs ; elle veut juste proposer sa musique », analyse Kaaris. On retrouve Double X, déjà derrière Tchoin, mais aussi Black Starz. Le jeune homme de 24 ans, qui vient du 93, compositeur pour Ninho, Booba ou Damso, entre autres, dit de Kaaris, « qu’il sait ce qu’il veut et veut tirer le meilleur de son travail donc il essaye de faire les bons choix niveau production. » Taylor Beats, qui a fait la musique de Diarabi, 25 ans, a commencé à 13 ans pour des groupes de danse afro. « On travaille à distance, il choisit et pose son texte », explique le jeune homme basé au Luxembourg.
Chanter l’amour est un motif récurrent dans la musique mondiale. Et bon nombre de grands artistes ouest-africains ont chanté Diarabi d’Oumou Sangaré à Toumani Diabaté. Kaaris en offre sa version, avec son sens de la poésie très concret. « Mes rêves s’envolent comme un sac plastique », dit-il. On rit. Il s’étonne. Y voit juste une belle image. Nous, une punchline. Une de plus. « Je les cherche, ça tombe bien ! », nous dit-il, lui qui est déjà en studio de nouveau prêt à enregistrer.
S’il n’a pas de musiques de producteurs africains vivants et créant sur le continent dans cet album, Kaaris continue de s’y ancrer créativement. « J’ai fait un feat avec Kiff no beat – l’un des groupes de rap à succès et talentueux de Côte d’Ivoire », indique-t-il. A côté du rap, le rappeur continue On n’en saura pas plus concernant le quatrième film dans lequel il s’apprête à jouer. Juste que le réalisateur est « un pote », que le film est en plein montage financier. Le loup solitaire n’est pas si seul.