Netflix veut vous faire regarder des dessins animés

ANIMATION La plate-forme de diffusion a présenté les nouveautés qu'elle s'apprête à diffuser dans le monde entier...

Mathias Cena
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«Godzilla: Monster Planet» sera diffusé sur Netflix
«Godzilla: Monster Planet» sera diffusé sur Netflix — Toho Co., Ltd. 2017
  • Netflix renforce son offre de séries animées.
  • La plate-forme veut inciter ses abonnés qui n’aiment pas les dessins animés à les découvrir.
  • Elle souhaite améliorer l’expérience utilisateur sur mobile.

De notre correspondant à Tokyo,

Netflix met le paquet sur l’animation. Le géant de la diffusion en streaming, qui revendique quelque 100 millions d’abonnés à travers le monde, a présenté mercredi à Tokyo les nouveautés qui viendront bientôt renforcer son offre et, espère-t-il, le rendre incontournable. Evoquant un « nouveau monde du divertissement » autour de la consommation à la demande et donc – évidemment – de Netflix, Greg Peters, le « chef des produits » de la plate-forme, a vanté un système « gagnant-gagnant » qui bénéficie à la fois aux créateurs, aux consommateurs… et à Netflix.

L’entreprise américaine, qui propose déjà 20 dessins animés exclusifs, a annoncé en fanfare une vingtaine d’autres séries animées actuellement en développement, capables sur le papier de séduire une large audience de connaisseurs comme de profanes. On y trouve pêle-mêle le premier long-métrage animé de la vénérable franchise Godzilla, une série en stop motion autour de l’ours Rilakkuma, un remake des Chevaliers du zodiaque ou une nouvelle adaptation de Devilman, un manga créé au début des années 1970 par Go Nagai, également auteur de Mazinger Z et Goldorak.

« Bénédiction pour les arts »

Le diffuseur le martèle, il veut aider les créateurs à « réaliser leur vision ». Et ceux-ci adhèrent. Tout comme le réalisateur coréen Bong Joon-ho, qui ne tarit pas d’éloges au sujet de Netflix, pour qui il a réalisé son film Okja. Et des pointures de l’animation clament leur adoration pour ce réseau providentiel.

Adi Shankar, producteur exécutif de Castlevania – dont la première saison est en ligne depuis juillet –, explique avoir rêvé de cette adaptation en anime de la série de jeux vidéo de Konami depuis dix ans, « mais aux Etats-Unis, on considère que l’anime est pour les jeunes enfants ». C’est Netflix, dit-il, « qui a permis à ces projets d’exister, en nous laissant les réaliser pour les fans ». Actuellement occupé à préparer une deuxième saison, il n’hésite pas à proclamer : « Netflix n’est pas seulement une formidable entreprise, c’est une bénédiction pour les arts ».

L’artiste américain LeSean Thomas regrette, lui aussi, que l’industrie du dessin animé outre-Atlantique « ne laisse pas beaucoup d’espace pour explorer » et se dit « envieux de la richesse de genres que peuvent explorer les Japonais ». L’adaptation animée de son comic Cannon Busters (2005), sur laquelle il officie en tant que réalisateur et producteur exécutif, est coproduite avec le studio japonais Satelight. Le résultat, une série de 12 épisodes qui bénéficie des designs de mechas (robots) du Français Thomas Romain, sera diffusé sur Netflix.

Big Netflix is watching you

Grâce à son réseau mondial, Netflix se targue d’un double rôle de facilitateur, pour mettre à la fois en contact les créateurs avec un public planétaire, et proposer des anime de qualité à ses abonnés… qu’ils aiment ça ou non. Le géant a en effet confiance en sa capacité à « recommander aux abonnés des animes que nous savons qu’ils vont aimer, même s’ils n’en ont jamais regardé de leur vie ».

Par quel miracle ? Sortant sa panoplie de big brother, Greg Peters rappelle comment Netflix décortique les métadonnées de chacun de ses utilisateurs pour étudier leur comportement : « ce qu’ils regardent, ce qu’ils ne regardent pas, ce qu’ils abandonnent en route, sur quel appareil ils regardent… »

L’analyse des 250 millions de profils Netflix dans le monde (soit 2,5 en moyenne par abonnement) permet par exemple de savoir précisément qui regarde de l’animation : sans surprise, le Japon est en tête, où plus de 50 % des abonnés Netflix consommeraient des animes. L’Amérique du Sud, le Mexique, l’Italie, Taïwan ou les Philippines suivent, devant la France, l’Espagne, l’Australie et l’Arabie saoudite.

Pour s’assurer qu’une mauvaise connexion ne viendra pas se dresser entre lui et ses abonnés, Netflix travaille également sur l’aspect technique. Après avoir lancé la fonction de téléchargement qui permet de regarder des films et des séries hors ligne, très populaire notamment en Asie, l’entreprise dit avoir mis au point une nouvelle compression, qui permet d’avoir sur smartphone une meilleure qualité, tout en utilisant moins de bande passante. Ainsi, « ceux qui ont un forfait de 2 Go peuvent regarder 30 heures de Castlevania », annonce fièrement Greg Peters. Mais que vont-ils bien pouvoir faire le reste du mois ?