VivaTech, Futur en Seine, Station F... Paris, le prochain spot du futur?
HIGH TECH Viva Technology a fermé ses portes ce samedi...
- VivaTech a accueilli 60.000 visiteurs en trois jours, 250 conférences et 500 speakers internationaux
- La Station F de Xavier Niel s'apprête à ouvrir ses portes
Laissez tomber la Silicon Valley, c’est à Paris que ça se passe. La capitale française a mis la main sur le futur au mois de juin et ne compte pas l’abandonner de sitôt. Futur en Seine la semaine dernière a ouvert le bal avec trois jours tournés vers le monde de demain ; VivaTechnology, le mini CES à la française, lui a emboîté le pas jeudi dernier, lançant une édition de très gros calibre (6.000 start-ups, 60.000 visiteurs et 1.500 investisseurs en trois jours) ; la Station F de Xavier Niel, le plus gros incubateur du monde, devrait ouvrir ses portes cet été. Qui dit mieux ? La Silicon Valley a du souci à se faire… mais peut-être pas tout de suite.
Paris reprend le « lead »
Si Paris ne réussira probablement pas à remettre en cause la souveraineté de la « Valley » (pour l’instant ?), il pourrait devenir très vite un vrai challenger européen. « En parallèle à Londres et Berlin qui étaient pendant très longtemps devant, Paris reprend le lead », assure Julie Ranty, codirectrice de VivaTech.
De plus en plus d’investisseurs s’intéressent aux start-ups françaises, des levées de fonds assez exceptionnelles ont eu lieu au cours des douze derniers mois : Sigfox, spécialisé dans les réseaux dédiés aux objets connectés, a récolté 150 millions d’euros fin 2016, Devialet, fabricant français d’enceintes haut de gamme a levé 100 millions d’euros. Attirer des fonds, avoir des talents [les ingénieurs français jouissent d’une très bonne réputation à l’international] c’est bien mais ce n’est pas tout.
Comme la France est un territoire très centralisé, Paris a l’avantage de concentrer beaucoup d’actifs. Mais encore faut-il accéder aux grands marchés. « C’est là que vous avez un défi par rapport à la Silicon Valley. Aux Etats-Unis, il est plus simple de passer des différents Etats américains sur un marché massif. Or, la France reste un petit marché par rapport à une logique globale », note Sylvain Bureau, professeur associé et directeur de la Chaire Entrepreneuriat d’ESCP-EY. Il est plus difficile de passer de la France à l’Allemagne que de passer de New York à San Francisco.
Et surtout, à la différence des Etats-Unis qui ont une langue commune, le marché européen est plus morcelé avec des cultures différentes. L’open innovation (les collaborations entre les start-ups et les grands groupes) est aussi un vecteur d’accélération et l’accès au marché mondial est facilité avec l’aide d’un géant.
Des start-ups à la chaîne
Il n’y a pas de miracle, il faut tisser des réseaux. Comment ? Les start-ups n’ont pas 50 solutions : ouvrir un bureau à New York, par exemple, comme l’a fait Dashlane pour profiter des deux mondes ; attirer des talents étrangers pour générer des réseaux mondiaux, comme tente de le faire Reviens Léon (désormais baptisé WonderLeon) en essayant de faire venir les talents. Il ne faut pas penser la Silicon Valley versus Paris mais plutôt les liens entre les deux. La « Valley » produit des start-ups à forte croissance à la chaîne parce qu’elle a trouvé un modèle. Et son atout maître, c’est sa capacité d’attirer les étrangers.
VivaTech a aussi son rôle à jouer. Sur l’exemple du CES de Las Vegas, le salon de la porte de Versailles cherche à se positionner en caisse de résonance pour contribuer à faire rayonner Paris et son écosystème. « Mais de l’autre côté de l’Atlantique, les seuls qui ont parlé de VivaTech sont français », insiste Pierre Letoublon, directeur de Parisoma, le plus ancien espace de coworking de San Francisco. On est encore loin de la conférence LeWeb où Loïc Le Meur parvenait à faire venir toutes les grosses stars de la Silicon Valley à Paris.
Pas encore le moteur du futur
Sans oublier que l’épicentre de l’innovation planétaire reste très autocentré. « Si la Silicon Valley observe les autres écosystèmes (Israël, la Chine), personne ne voit son hégémonie remise en question », reprend-il. Et encore moins Paris lui rafler la mise. « Souvent, les start-ups veulent garder leur identité française. Aux Etats-Unis, les entreprises étrangères (Spotify, Waze) sont, au contraire, très américanisées, c’est peut-être le contrecoup de la French tech [logo attribué à des pôles métropolitains reconnus pour leur écosystème de start-ups] », note Pierre Letoublon.
A San Francisco, on parle de la France pour 42, l’école d’ingénieurs informatiques gratuite et ouverte à tous lancée par Xavier Niel, et l’Holberton School of Software Engineering [créée par des Français]. « On est vu comme un moteur de nouvelles idées, mais personne n’attend de Paris d’inventer le futur », conclut-il. Un écosystème de qualité, oui, « The Place to Be » pour le futur, on n’y est pas encore, mais on y croit.