«Watch Dogs 2»: Le jeu qui sensibilise le mieux aux dangers du numérique

JEUX VIDEO Deux ans après un premier opus, le jeu «Watch Dogs 2» invite de nouveau les joueurs à vivre une aventure au coeur de l'actualité du numérique et de ses dangers...

Jean-François Morisse
Les héros de cette aventure, une bande de hackers bien décidé à protéger les libertés individuelles. Des
Les héros de cette aventure, une bande de hackers bien décidé à protéger les libertés individuelles. Des — Ubisoft

C’est un jeu qui interroge l’époque du tout numérique et ses travers.  emmène le joueur dans la baie de San Francisco en compagnie d’une bande de hackers, petits génies de l’informatique, en quête de liberté.

Dans cet univers pas si futuriste que cela le big data règne et la société Blume propose un logiciel ctOS 2.0 censé empêcher les délits avant que ceux-ci ne surviennent. Les individus sont fliqués, surveillés, traqués et leurs libertés menacées.


Un scénario qui rappelle celui du film de  (2002), inspiré par une nouvelle de  , et qui fait étrangement écho aux dernières découvertes dans le domaine. Dans leur ouvrage best-seller  , Marc Dugain et Christophe Labbe évoquent les expérimentations menées par IBM avec les supercalculateurs Blue Crush à Memphis ou PredPol à Los Angeles, Atlanta et New York et rappellent que « pour les prédire [ces délits] les devins numériques d’aujourd’hui ne lisent pas dans le marc de café, mais dans les logiciels de traitement des données massives ».

A l’assaut du Big Data et des réseaux sociaux

On commence seulement à entrevoir les applications et implications de ce qu’on appelle le Big Data et le jeu Watch Dogs 2 aborde de façon intelligente et ludique ces thématiques très actuelles. Dans cette aventure, le héros Marcus Holloway peut, à volonté, pirater le smartphone de n’importe quel passant et obtenir ainsi de précieuses informations… Le jeu rappelle que tous les objets connectés sont de potentiels espions qui peuvent être piratés et livrer à votre insu une partie de votre vie privée.

« L’ère du numérique signe la fin des libertés individuelles, tous les objets connectés peuvent être piratés, rappelle . Les télévisions, les smartphones, même votre cafetière connectée peut transmettre des informations sur vos habitudes, votre style de vie. » Watch Dogs 2, même s’il force le trait, n’est pas loin de la réalité et exploite intelligemment cette thématique dans un monde où la « puissance » du héros se compte en nombre de « followers ».

La cybercriminalité au cœur du jeu

Le gameplay de Watch Dogs 2, reste toutefois très proche (trop diront certains) de celui du   de ce jeu développé par   Montréal et paru en 2014. Il s’articule autour des capacités de hacking du personnage dans un jeu d’action teinté d’infiltration qui prend place dans une San Francisco ultra-réaliste.

Marcus peut ouvrir des portes, faire démarrer une voiture à distance, se connecter à des caméras pour observer ses adversaires à leur insu ou bien encore pirater leur compte en banque afin de renflouer ses finances. Dans Watch Dogs 2 le hacking peut prendre de nombreuses formes alors que chaque personnage croisé peut être une potentielle victime. « Tout le monde est concerné par le piratage, rappelle Damien Bancal, pour les pirates (que je distingue des hackers qui sont plus pour moi des "cyber citoyens"), nous ne sommes que des porte-monnaie sur pattes ». Une façon habile de nous amener à réfléchir à la cybercriminalité sur un mode ludique.

Une réflexion ludique sur notre époque

D’ailleurs, dès le début de l’aventure, le jeu ne manque pas de rappeler que « Vous avez moins de valeur que les données que vous produisez ». « Sur le black market, le marché noir de l’internet, toutes mes données personnelles ont une valeur, elles peuvent facilement être revendues précise, Damien Bancal. Alors qu’en tant qu’individu, je ne vaux rien. » Un constat glaçant, parfaitement exploité dans un jeu qui invite les joueurs à s’interroger sur ce qui se passe derrière leurs écrans connectés.

Le jeu restant un des outils pédagogiques les plus performants, on en vient à rêver que tous les accros aux smartphones en général et aux réseaux sociaux comme Facebook ou Snapchat en particulier se lancent dans l’aventure. Une espèce de traitement homéopathique aux dérives du numérique.