«L'arabe du futur 3»: Riad Sattouf poursuit son autobiographie à succès
BD À l’occasion de la sortie du 3e tome de son autobiographie dessinée, « 20 Minutes » a rencontré l’auteur de BD le plus populaire du moment…
Il faut croire quand il assure qu’il n’imaginait pas une seconde, à la publication du premier tome de (2014), que cette « autobiographie dessinée avec pour seule ambition de distraire les gens » deviendrait un phénomène mondial !
Deux ans et deux volumes plus tard, l’auteur de BD cinéaste doit se rendre à l’évidence : les deux premiers tomes du récit de sa jeunesse au Moyen-Orient se sont écoulés à plus d’un million d’exemplaires – dont !-, ont été traduits en 17 langues et sont multi-récompensés (Grand prix RTL de la BD 2014 ; Prix BD Stas/Ville de Saint-Etienne 2014 ; au 2015 ; en 2016).
C’est ce qu’on appelle faire un carton, non ?
© Riad Sattouf & Allary éditions 2016
Alors qu’on imagine que cette ferveur est portée par l’actualité en Syrie, Riad Sattouf n’en est pas convaincu : « Si j’en crois les échanges avec mes lecteurs (du monde entier, d’ailleurs), le fait que ça parle du monde arabe ne présente qu’un intérêt secondaire. Mais peut-être qu’inconsciemment, les événements en Syrie leur font ressentir plus d’empathie pour les habitants de cette région et que ça les pousse à lire mon récit ? »
C’est ce jeudi que sort le 3e volume (sur cinq prévus) sur l’enfance de Riad Sattouf, qui n’en est pas peu fier !
Mon père, ce héros
Dans le premier volume, qui couvrait la période 1978-1984, Riad Sattouf racontait comment il avait été balloté, de sa naissance à ses six ans, entre Libye, Bretagne et Syrie. Dans le second, paru en 2015, il relatait sa première année d’école en Syrie (1984-1985). Le 3e tome, qui court jusqu’en 1987, voit le jeune Riad commencer à prendre réellement conscience du monde qui l’entoure… et à en saisir les contradictions (notamment celles qu’affiche son père, jusqu’alors son « héros » toutes catégories).
Pénélope Bagieu chronique L’arabe du futur 1 pour
L’autobiographie, une grande tradition
« D’ailleurs, c’est drôle, confie Riad Sattouf à 20 Minutes : c’est après coup que j’ai réalisé que j’ai davantage centré L’arabe du futur sur l’admiration qu’un enfant éprouve pour son père. Au point que j’ai zappé certains aspects de mon enfance, comme le fait que j’étais souvent malade, etc. Il existe une grande tradition de bande dessinée autobiographique, et elle compte de sacrés succès - d’Art Spiegelmann ou de Marjane Satrapi en sont les plus éclatants. N’empêche que raconter sa vie, ça reste un exercice particulier. ».
© Riad Sattouf & Allary éditions 2016
Un exercice dont l’auteur franco-syrien a compris tous les rouages : « L’autobiographie est un genre à part parce qu’il est le seul qui réussisse à “attirer” des gens qui ne lisent habituellement pas de BD parce qu’ils considèrent que c’est un truc pour adolescents, pour nerds un peu con-cons. Pour une fois, ils n’ont pas besoin de connaître les codes de la BD de genre pour s’y plonger. Par exemple, lors d’une rencontre à Saint-Malo, il y avait une trentaine de mamies venues se faire dédicacer le tome 1 et toutes m’ont dit, en substance : “c’est la seule BD que j’aie lue de ma vie… avec quand j’étais petite” (rires). J’adore ! ».
Time is money…
Toujours affable et disponible, Riad Sattouf sait pourtant qu’il doit désormais « assurer » car les attentes autour de L’arabe du futur sont importantes : « Enfin, elles se manifestent surtout dans le fait que je ne peux pas, avec cette série, “manquer” un rendez-vous. Si j’ai annoncé qu’un volume sortirait à telle date, je ne peux pas repousser au dernier moment. On a des tirages très importants qui exigent une grosse logistique, donc la principale pression, c’est que je dois absolument terminer dans les temps. »
© Riad Sattouf & Allary éditions 2016
Et ça marche. De plateaux télé en studios radio, Riad Sattouf assume donc avec bonhomie et décontraction son statut d’auteur populaire. Et promet que le succès ne lui est pas monté à la tête : « Sincèrement, ça n’a pas changé grand-chose : j’ai toujours adoré faire des bandes dessinées. Quand ça ne marchait pas bien, j’étais quand même content ! Maintenant que ça marche, je suis hypercontent. Et si demain ça ne marche plus, je serai quand même content de pouvoir exercer ma passion ».
L’arabe du futur 3 « Une jeunesse au Moyen-Orient (1985-87) », de Riad Sattouf - Allary éditions, 20,90 euros
En librairie le 6 octobre 2016