Les bulles s'éclatent de nouveau en kiosque
BD La presse spécialisée en bande dessinée n'en finit plus d'afficher sa vitalité…
On croyait la presse BD moribonde. Certains lui prédisaient même le pire devant l’arrivée de sa consœur numérique. Et puis… et puis une étude récente du groupe Presstalis (anciennement NMPP) vient balayer ces idées reçues : avec près de 80 titres sur le marché, le secteur se porte plutôt bien, merci pour lui !
La preuve par l’infographie (ci-dessous) et trois exemples symboliques témoignant de cette vitalité : le « vénérable » mensuel dBD vient de fêter son 100e numéro, l’excellent bimestriel marseillais Aaarg ! devient mensuel et les équipes de l’hebdomadaire Spirou lancent une nouvelle revue.
Qualité n° 1 : la passion
Crée en 1998 par Frédéric Bosser, le mensuel dBD (Les dossiers de la bande dessinée) vient d’atteindre le cap symbolique des 100 numéros.
Ce magazine généraliste - quoique plutôt spécialiste de la création française - doit d’abord sa longévité à la consistance de ses sujets (beaucoup de longues interviews, notamment) mais aussi à une gestion économique très rigoureuse : « Je crois que je m’en sors d’abord parce que je n’ai pas de personnel en permanence et que je fais beaucoup de choses moi-même : rédaction de contenus éditoriaux, gestion des abonnés, démarchage publicitaire, etc. », précise Frédéric Bosser, son rédacteur en chef.
Enfin, s’il est tiré à 12.000 exemplaires (65 % de taux d’écoulement), dBD totalise 4000 abonnés. C’est remarquable pour une revue exclusivement éditoriale (pas de publications de planches) et vendue 10€ !
DBD n°100 (+ cahier spécial «100 dates qui ont marqué la BD») - 10€
www.dbdmag.fr
Qualité n° 2 : la confiance
Drôle de parcours que celui de Aaarg !, cette revue qui revendique l’influence de ses glorieuses ainées que furent Métal Hurlant, Pilote et À suivre : créée fin 2013 après une campagne de financement participatif ayant atteint 270 % de son objectif minimum, le bimestriel, unanimement salué pour son audace et sa qualité a pourtant bien failli disparaître deux ans plus tard. « Nous n’avons jamais atteint l’équilibre avec la première version », concède Pierrick Starsky, son rédacteur en chef. « En cause, les coûts de fabrication et l’impossibilité d’anticiper les retours à long terme et de réajuster le tirage..».
Sa solution ? Devenir mensuel, multiplier son tirage par 10 (soit 50.000 exemplaires) et diviser son prix de vente par trois ! « En gros, on fait tout ce que l’on nous déconseille », sourit Pierrick Starsky. Et la prise de risque semble payante, puisque le premier numéro de la nouvelle formule cartonne en kiosques et que 2000 lecteurs - « fidèles de la première version et curieux séduits par le projet »- ont déjà souscrit un abonnement.
Aaarg ! N°01 - 4,90€
www.aaarg.fr
Qualité n° 3 : l’audace
Une semaine après les attentats de janvier 2015, les éditions Dupuis avaient publié un hors-série de l’hebdomadaire Spirou évoquant la tragédie en BD et à l’attention d’un lectorat jeune. L’initiative ayant remporté un beau succès commercial, elles viennent de sortir le 1er numéro de Groom, un passionnant magazine « qui revient sur l’actualité de 2015 pour permettre aux jeunes (mais pas que) de mieux comprendre 2016 ! ».
Semestriel regorgeant de récits inédits, Groom se distingue « En osant parler de sujets d’actualité compliqués et anxiogènes - Daesh, la crise en Ukraine… - via un dessin et des auteurs grand public que l’on n’attendait pas forcément dans ce registre », dixit Damien Perez, son rédacteur en chef.
Tiré à 50.000 exemplaires (dont 39 % ont été vendus le 1er mois), ce Méga Spirou hors-série publiera son second numéro, articulé autour de la thématique des réseaux sociaux, en septembre prochain.
Groom n°01 - 6,90€
www.spirou.com/groom/