«Antichrist»: La justice interdit l'exploitation du film de Lars von Trier
CINÉMA La cour administrative d’appel de Paris a donné satisfaction à l’association Promouvoir en retirant à « Antichrist », sorti en 2009, son visa d’exploitation…
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L’association Promouvoir a une fois encore dégainé un vade retro satana à un long-métrage. Ce mercredi, c’est Antichrist, de Lars von Trier sorti en 2009 un an après sa présentation au Festival de Cannes, qui rejoint la liste des œuvres victimes de cette structure proche des milieux catholiques traditionalistes. La justice vient de donner raison à cette dernière en annulant le visa d’exploitation du film en raison de « scènes de très grande violence » et de « scènes de sexe non simulées ».
La cour administrative d’appel de Paris a motivé sa décision en arguant qu’Antichrist comporte des scènes qui ont « un degré de représentation de la violence et de la sexualité qui exige, au regard des dispositions réglementaires applicables, une interdiction de ce film à tous les mineurs ». La justice ajoute que Christine Albanel, la ministre de la Culture de l’époque, « a commis une erreur d’appréciation en se bornant à interdire sa diffusion aux seuls mineurs de moins de 16 ans ».
Pas de diffusion en attendant un nouveau visa
Le visa d’Antichrist avait déjà été annulé par deux fois - en 2009 et 2012 - pour vice de forme par le Conseil d’Etat, et un nouveau visa avait été accordé à chaque fois par la ministre. Techniquement, l’annulation du visa d’exploitation - c’est-à-dire l’autorisation administrative nécessaire à toute exploitation dans les salles - empêche la diffusion du film sur tout support (télé, DVD…), jusqu’à ce qu’un nouveau visa soit accordé.
Ces derniers mois, Promouvoir a obtenu de la justice que l’interdiction aux moins de 12 ans de La Vie d’Adèle, Palme d’or à Cannes, soit réexaminée. L’association a aussi réussi à faire interdire Love de Gaspar Noé aux moins de 18 ans. Cette histoire d’amour avec des scènes de sexe non simulées était au départ simplement interdite aux moins de 16 ans.
« La première grande victoire de Promouvoir remonte à 2000 avec l’affaire Baise-moi, qui a finalement été interdit aux moins de 18 ans », rappelait Christophe Triollet, spécialiste de la censure, à 20 Minutes, en décembre. « Il serait hasardeux de dire que l’on assiste à un retour du puritanisme dans le sens où une seule association est à l’origine de ces décisions. Soyons clairs : quand il n’y a pas Promouvoir, aucun visa n’est remis en cause. »