Riad Sattouf accepte « avec plaisir » la médaille de Chevalier des Arts et des Lettres

BANDE DESSINEE Si quatre créatrices ont annoncé qu'elles refusaient d'être élevées au rang de Chevalier des Arts et des Lettres, Riad Sattouf, compte bien se rendre à la cérémonie...

Vincent Jule
Riad Sattouf en juin 2015.
Riad Sattouf en juin 2015. — THOMAS OLIVA / AFP

La semaine dernière, la ministre de la Culture Fleur Pellerin annonçait vouloir élever au rang de Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres huit créateurs et créatrices de bande dessinée dans le cadre d’une promotion exceptionnelle.

Parmi eux, quatre dessinatrices - TanXXX, Julie Maroh, Aurélie Neyret et Chloé Cruchaudet - ont d’ores et déjà fait savoir qu’elles refusaient la distinction, n’y voyant qu’une « tentative de récupération politique » après la polémique sur l’absence de femmes présélectionnées pour le Grand Prix du Festival de la bande dessinée d’Angoulême.

Riad Sattouf figure aussi dans la liste des artistes choisis pour être distingués. « On me presse de toute part pour savoir si je vais "accepter" ou "refuser" cette distinction », écrit l’auteur de L’Arabe du futur sur son compte Facebook, ce mardi. Sa décision est scrutée de près car, il y a quelques semaines, il avait demandé à être retiré de la liste, intégralement masculine, des créateurs en lice pour le Grand Prix à Angoulême.

Riad Sattouf fait savoir sur le réseau social qu’il accepte « avec plaisir » d’être élevé Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres.

Bonjour ! J’ai appris récemment que je m’étais vu décerner la médaille de chevalier des arts et des lettres. On me…

Posté par Riad Sattouf sur mardi 2 février 2016

Bonjour ! J’ai appris récemment que je m’étais vu décerner la médaille de chevalier des arts et des lettres. On me…

Posté par Riad Sattouf sur mardi 2 février 2016
Riad Sattouf

Bonjour ! J’ai appris récemment que je m’étais vu décerner la médaille de chevalier des arts et des lettres. On me…

Posté par Riad Sattouf sur mardi 2 février 2016
mardi 2 février 2016

« J’ai mon sens de la reconnaissance »

« D’origine franco-syrienne, et venant d’un milieu modeste, j’ai grandi en étant aidé par l’Etat républicain : je lui dois plusieurs décennies d’allocations familiales, (…) plusieurs décennies d’aides au logement (…) et plusieurs décennies de bourses scolaires diverses et variées (…). Grâce à ce soutien, aujourd’hui je fais ce que je souhaite : écrire et dessiner des bandes dessinées, et payer des impôts pour que d’autres puissent également continuer de bénéficier de ce fragile soutien », écrit Riad Sattouf en illustrant son message de dessins signés de sa main et représentant l’héroïne des Cahiers d’Esther.

Accepter cette décoration revêt, aux yeux Riad Sattouf, une dimension politique : « En cette période où l’Etat républicain est attaqué et fragilisé de toutes parts, moi, j’ai plutôt envie de lui dire merci : j’ai mon sens de la reconnaissance. » Mais son sens de l’engagement s’exprimera aussi le jour de la cérémonie officielle.

L’auteur et dessinateur de BD compte bien profiter de l’occasion pour parler avec Fleur Pellerin « de la réforme du RAAP [le régime de retraite complémentaire des artistes auteurs] et de l’appauvrissement des auteurs, et exiger des réponses claires de sa part ». Une nouvelle fois, Riad Sattouf prouve qu’il n’est pas du genre à rester dans sa bulle.