Iron Maiden: «Je n’ai rien à prouver en tant qu’auteur», clame Bruce Dickinson

INTERVIEW Le mythique groupe de heavy metal sort ce vendredi « The Book of Souls », son seizième album…

Anaëlle Grondin
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Bruce Dickinson, le chanteur d'Iron Maiden, sur scène en 2013.
Bruce Dickinson, le chanteur d'Iron Maiden, sur scène en 2013. — Brandon Marshall/Music /REX/SIPA

Quarante ans de carrière et toujours présents sur scène et dans les bacs. Les fans de heavy metal ont de quoi se réjouir ce vendredi. Le groupe légendaire Iron Maiden, encore très inspiré, sort un double album intitulé The Book of Souls. Son chanteur Bruce Dickinson raconte sa conception à 20 Minutes.

Vous avez enregistré ce nouvel album au studio Guillaume-Tell près de Paris. Pourquoi ce choix ?

C’est là-bas qu’on avait enregistré Brave New World, à mon retour dans Iron Maiden après cinq ans d’absence [en 1999]. On garde de très bons souvenirs de cet enregistrement : l’endroit est agréable, c’est calme, la créativité était au rendez-vous. C’est un ancien cinéma art déco. J’adorerais enregistrer un autre album là-bas. Je le ferais immédiatement si je ne risquais pas de me faire taper sur les doigts par mon médecin [Bruce Dickinson est en rémission d’un cancer de la langue].

Cet enregistrement a eu une saveur particulière pour vous, ou c’est devenu une sorte de routine après quinze albums ?

Au départ, on devait procéder comme on a l’habitude de faire : écrire les chansons, répéter, puis aller en studio. Mais Steve Harris [le fondateur et bassiste d’Iron Maiden] était inquiet à l’idée qu’il y ait des enregistrements « pirates » pendant les répétitions et des fuites sur Internet. Il a demandé si le studio était disponible et a proposé d’écrire les chansons et de les enregistrer immédiatement. C’est ce qu’on a fait. Souvent on expérimente des choses pendant les répétitions et on se dit « c’était génial, dommage que nous ne l’ayons pas enregistré ». Il nous arrive de perdre en spontanéité. Ce n’était pas le cas cette fois.

C’est la première fois que vous réalisez un double album et vous avez écrit deux chansons seuls, une première depuis 1984. Que de nouveautés !

Le double album est quelque chose qui est arrivé comme ça. Avec les morceaux qu’on avait, on s’est demandé : « Est-ce qu’on fait deux albums séparément ? » On ne voulait pas le faire. On a préféré faire un double album. On s’est dit « c’est trop cool, personne ne fait plus de double albums ». Nous n’en avions jamais fait ; pourquoi pas maintenant. Puis c’est une opportunité fantastique de refaire des illustrations old school, proposer un package spécial. The Book of Souls est un comme livre finalement.

Et pour l’écriture, qu’est-ce qui vous a remis sur les rails ?

Je n’ai rien à prouver en tant qu’auteur. J’ai écrit six albums solos en six ans. Pour cet album là, Steve a voulu voir ce que j’écrivais pour mon prochain album solo. Je lui ai donné une démo et il m’a dit « mon dieu, deux de ces chansons seraient fantastiques pour le prochain disque ». J’ai répondu « ok ». Il en a choisi une pour l’ouverture de l’album, If Eternity should fail. Ce morceau est en drop D tuning. Iron Maiden n’avait jamais fait ça avant. Pour Empire of the Clouds, tout a commencé quand j’ai gagné un piano électrique à une tombola (rires). Je suis rentré chez moi, je l’ai branché et j’ai essayé de jouer. Je n’ai jamais appris le piano. Je ne sais pas lire les partitions. Je me suis dit que j’allais quand même m’amuser avec. J’ai eu envie de raconter l’histoire du crash du R101 à Beauvais en 1930. On s’est rendu à Paris alors que j’étais en pleine écriture du morceau. J’ai pianoté ce que j’avais en tête sur le superbe piano à queue du studio. C’était épique. Pendant les quatre premières minutes, il n’y a que du piano… On n’avait jamais fait ça avant non plus, c’était troublant.

Aux festivals hard rock et metal, ce sont souvent des groupes des années 1970 qui tiennent le haut de l’affiche. Comme s’il n’y avait pas de relève crédible à Iron Maiden, Black Sabbath…

Ce n’est pas mon problème… C’est la décision de la génération future des fans de rock. Il y aura toujours des gens qui diront « oh ce serait cool de voir ce groupe là jouer ». Je pense qu’un groupe comme Muse peut être une relève crédible. Ils font du rock assez progressif. C’est une tête d’affiche. Ils sont comme Iron Maiden dans un sens : le groupe n’est pas désespérément mainstream et il est énorme.