Lastman, fin d’un premier cycle «hyper musclé»
BD À l’occasion de la fin du 1er cycle de Lastman, Bastien Vivès revient sur une aventure éditoriale hors du commun…
Dessiner vingt planches par semaine durant quatre ans, voilà le pari fou qu’ont brillamment relevé –et remporté — Bastien Vivès, Balak et Michaël Sanlaville début 2013. D’abord publiée, en consultation gratuite, sur delitoon.com, leur production l’a ensuite été en version papier. Le sixième tome, qui clot le premier cycle de Lastman, vient de sortir. 20 Minutes en a profité pour inviter Bastien Vivès, membre du trio et symbole de la «nouvelle génération» de la BD francophone, à faire un bilan à mi-chemin de l’aventure Lastman.
Vous avez tenu le rythme que vous vous étiez fixé?
Oui, on a réussi à sortir, comme prévu, les six premiers tomes en deux ans. Mais on se rend compte que bosser à trois, ça fait un peu léger par rapport à l'exigence de qualité qu'on a. Comparativement, les studios de manga japonais travaillent parfois à vingt sur un même titre! Donc on n'a pas toujours réussi à tenir le rythme, hyper musclé, des 20 planches par semaine… Finalement, on se rend compte qu'on a rempli nos grands objectifs, mais aussi qu'il serait impossible de tenir toute une vie à ce rythme.
On dit de Lastman que c’est un «manga à la française». N’est-ce pas réducteur?
Non, on l’assume puisqu’on a adopté le même format que les mangas traditionnels: poche, 200 pages en noir et blanc, en forme de feuilleton. Si on doit le classifier pour les bibliothèques, pour moi, c'est effectivement du manga. Après, on est français donc le terme "manga à la française' est un peu barbare mais assez juste, non?
De toute façon, vous revendiquez, dans Lastman, diverses influences, non?
Complètement! Par exemple, en manga, on est tous les trois des inconditionnels de Dragonball et de Ken le survivant. Les classiques, quoi. Ah, et de Berserk, aussi. En comics, mon maître, c’est Richard Corben. Et en BD franco-belge, on adore Astérix. C’est un sommet, un vrai chef-d’œuvre. Mais on est aussi influencés par le cinéma, puisqu’on est très fans des films de Stallone, Spielberg etc., les grosses productions des années 1980 avec lesquelles on a grandi. En jeu, toutes les productions Capcom et les arcades japonais.
Lastman est-il distribué à l'étranger?
Oui, il marche pas mal en Europe: Italie, Espagne, Allemagne etc, ce qui est cool (NdR: en tout, 100 000 exemplaires du 1er cycle). Mais c'est un peu compliqué parce que là-bas, ils ont tendance à le vendre comme de la BD d'auteur alors que nous, on prétend faire de la BD populaire. En revanche, le truc génial, c'est qu'il sort aux états-unis en mars 2015! Et à 10.000 exemplaires, ce qui est inespéré. En plus, ils vendront chaque exemplaire 9$ dollars, donc autour de 6 euros, ce qui est hyperabordable. Ils y croient à fond, c'est top! Vachement couillus, ces Ricains [rires]! On a hâte de voir à quoi va ressembler le produit et comment il sera perçu.
Et au pays du manga?
Au Japon, pas encore… On est en discussion avec de gros groupes, mais c'est très compliqué. Aucun étranger n'a jamais réussi à y publier de manga au sens strict. Ils te font vite comprendre que chez eux, le manga est une industrie et qu'ils sont là pour vendre beaucoup beaucoup de livres et des droits etc. On te fait aussi comprendre que n'étant pas japonais, tu seras forcément vendu comme un auteur européen et que les prix s'en ressentiront. On leur dit qu'on veut être «traités» comme eux, et ils rigolent en nous répondant qu'ils ont déjà des milliers d'auteurs et qu'ils n'ont aucune raison objective de nous publier. Mais bon, si ça marche bien aux usa, ça leur mettra peut-être la puce à l'oreille.
Où en est l’adaptation en dessin animé et en jeu vidéo?
Pour l’animé, Balak en est à l'écriture, aux castings de voix et. Ça avance bien. La diffusion des premiers épisodes est prévue pour janvier 2016, sur France 4. Concernant le jeu vidéo, dont je m’occupe, on est dans les temps: il sortira entre juin et septembre 2015. Ce sera un truc à base de baston dans une arène en 3D, et il y aura plein d'objets pour se foutre sur la gueule et plein de nouveaux personnages.
Peux-tu nous parler du second cycle de Lastman?
C’est difficile sans spoiler. Je dirais juste qu’il y aura un gros saut dans le temps. On va donc bouleverser notre casting de personnages, qui auront vieilli. Si, juste une info: le personnage principal du 1er cycle,c'était Adrian. Dans le second, ce sera Elorna, sa copine. Pour le reste… chut!
Lastman tome 6, de B.Vivès, Balak et M.Sanlaville – éd. Casterman, 12,50 euros.