Tous les désastres de la guerre au Musée du Louvre-Lens

ART Une très riche exposition raconte, œuvres majeures à l’appui, comment les artistes ont représenté la guerre entre 1800 et 2014…

Alice Coffin
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En ce vendredi 6 juin, il est évidemment beaucoup question de la seconde guerre mondiale. Et en cette année 2014, la Première guerre dite mondiale fait aussi l’objet de nombreuses manifestations. Ces deux conflits-là sont bien sûr présents parmi les œuvres de l’exposition «Les désastres de la guerre 1800-2014» présentée au si beau musée du Louvre-Lens. Mais pas prédominantes. «Les deux guerres mondiales ont éclipsé les autres conflits, explique la passionnante commissaire de l’exposition, Laurence Bertrand-Dorléac. Et puis surtout, je n’ai pas choisi les guerres en fonction de ce qu’elles avaient été mais des représentations visuelles qu’elles ont fait naître.».

>>Retrouvez le diaporama de l’exposition sur 20minutes.fr

Le parcours s’ouvre donc par le Napoléon au Grand Saint-Bernard de David.


A gauche et à droite du tableau, sont disposées des œuvres de Goya et Géricault qui tranchent «avec cette représentation héroïque et idéaliste de la guerre qui prévalait jusque là, note Laurence Bertrand-Dorléac. Les campagnes napoléoniennes ont donné lieu à un basculement des représentations visuelles. Parce que l’histoire des idées avait aussi évolué avec l’avènement de la notion d’individu. La relation à la guerre ne pouvait plus être la même. Et on le retrouve en art.».

La vision des vaincus

La suite de l’exposition décline ce fil directeur. Les représentations de la guerre en horreurs et souffrances prennent un tour particulier lorsque l’on apprend que certaines ont été produites par des artistes envoyés par leur gouvernement pour faire la propagande du conflit. «Ce sont ces faux pas des artistes qui sont très intéressants», souligne Laurence Bertrand Dorléac. Ainsi Horace Vernet dépêché pour suivre la colonisation de l’Algérie par l’armée française, mais qui dans son Combat de Somah donne à voir «des soldats français aux airs hébétés et idiots, et illustrant ainsi comment la guerre est souvent menée en état d’ébriété ou sous drogues».

En lien avec ces représentations nouvelles, les artistes s’attachent aussi «à donner la vision des vaincus». Viols des femmes chez Goya ou Otto Dix, morts de la guerre de Sécession dans les photographies de Brady.
Déclinée en douze séquences, «Les désastres de la guerre» fait aussi place aux conflits contemporains et à leurs représentations dans les 450 œuvres, peintures, photographies ou vidéos, réunies au Louvre Lens.

 

Informations pratiques

Jusqu'au 6 octobre 2014 au Musée du Louvre-Lens. www.louvrelens.fr