VIDEO. Débarquement: Ce qu’écoutaient les G.I. américains dans leur lecteur MP3
MUSIQUE Il y a soixante-dix ans le swing triomphait. Sur le front, des disques étaient enregistrés spécialement pour les soldats américains…
Le rock’n’roll n’existait pas encore. La dance, le hip-hop, le r’n’b non plus. Si les G.I. américains, qui ont débarqué en juin 1944 en Normandie, avaient eu un lecteur MP3 dans la poche, qu’auraient-ils glissé dedans?
D'abord, beaucoup de swing. «C’est de la variété complètement habité par le jazz moderne, dont Louis Armstrong est l’un des précurseurs. Les arrangements sont très dansants, d’une élégance souple», pointe Franck Bergerot, rédacteur en chef de Jazz Magazine, qui consacre en juin sa couverture et un dossier complet à ce sujet: 1918-1944. Quand le jazz débarque». «Mais Ils n’écoutaient pas que du jazz, nuance le spécialiste. Certains venaient de la campagne, donc c’était plutôt de la country. Ils écoutaient aussi des standards de la comédie musicale de Broadway et de Hollywood.»
La mode des «bigs bands», ces grands orchestres
Dans les années 1930, le swing s’affine et gagne en popularité aux Etats-Unis. Après le ragtime, le jazz et le blues, place aux grands orchestres, ces «bigs bands» qui deviennent à la mode, et dont les les leaders se nomment Benny Goodman, Tommy Dorsey, Artie Shaw… «Des chefs d’orchestre qui vont souvent faire appel aux arrangeurs noirs», pointe Franck Bergerot. Dans la France occupée, coupée de la source américaine, le genre est honni par le gouvernement. Le Français Ray Ventura en fait la promotion avant de s’exiler avec son orchestre en Amérique du Sud. Pendant ce temps, sur le territoire, le mouvement des zazous organise la résistance en affichant son amour des musiques noires, du jazz et du swing.
Les « V-Discs », rien que pour les G.I.
La musique, c’était bon pour le moral des troupes américaines. Seulement de 1942 à 1944, aux Etats-Unis, une grève majeure des musiciens qui réclament une augmentation de leurs royalties voit le nombre d’enregistrement se tarir. Sur les différents fronts, les G.I. avides n’avaient pas vraiment envie d’entendre en boucle les mêmes titres qu’en 1942. Du coup, un accord fut passé entre le gouvernement américains et les maisons de disques. Il en découle les V-Discs(«V» pour victoire).
Les artistes enregistrent rien que pour eux
Sur ces 78 tours de 30 centimètres, du swing bien sûr, mais aussi l’enregistrement de la voix d’artistes qui s’adressent directement aux soldats. Comme le musicien Glenn Miller, alors engagé comme capitaine, qui dirige alors le «Glenn Miller Army Air Force Band». «Nous espérons que vous soldats des forces alliées apprécient ces V-Discs que nous faisons juste pour vous », déclare-t-il alors dans un enregistrement. Son avion s’écrase dans la Manche le 15 décembre 1944. Il venait de Londres pour divertir les militaires à Paris.
«Ces disques étaient réservés aux G.IS. et interdits à la vente aux Etats-Unis, raconte Franck Bergerot. Ils devaient être détruits à la fin de la guerre. Tous les mois partaient des kits, avec les paroles des chansons, et un questionnaire». Que voulaient-ils écouter? «White Christmas» du premier crooner Bing Crosby, ou encore «That old black Magic» de Frank Sinatra et «Stardust» par le clarinettiste Artie Shaw. Des disques devenus aujourd’hui des trésors pour les collectionneurs.