Osamu Tezuka, trop méconnu en France et père du manga moderne

CULTURE A Paris, une petite exposition dévoile les planches originales de ce maître du manga…

Joël Métreau
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Astro Boy et Black Jack, deux héros de manga créés par Osamu Tezuka.
Astro Boy et Black Jack, deux héros de manga créés par Osamu Tezuka. — Tezuka Productions

Moins connu en France que Leiji Matsumoto, créateur d’Albator, ou Jirō Taniguchi, auteur de Quartier lointain, le mangaka Osamu Tezuka (1928-1989) est pourtant considéré au Japon comme un «dieu». A Kyoto, une statue sur le parvis de la gare rend hommage à ses créations, à Takarazuka, un musée lui est même dédié.

Et pour cause. C’est l’équivalent de Hergé pour la bande dessinée européenne, c’est le père du manga moderne, celui «qui a créé un style novateur, dans les années 1950, avec une manière de traiter le texte et les dessins plus proche de celle du cinéma», note Chrysoline Canivet-Fovez, auteur de Le Manga (Eyrolles, 10 euros). Il introduit ainsi du mouvement dans ses planches. «Il rythme les échelles de plan en passant par exemple du panoramique au gros plan.» Un dynamisme tel qu’on ne s’étonne pas de voir ses œuvres adaptées pour le grand écran, comme sa Vie de Bouddha ou comme le Roi Léo, dont les studios Disney s’étaient inspirés pour leur Roi Lion.

Des histoires d’apprentissage

A la galerie Barbier & Mathon (Paris, 9e), on expose –gratuitement– à partir de mercredi une soixantaine de planches originales du maître. Des œuvres prêtées par la fondation Tezuka elle-même. Son propriétaire Jean-Baptiste Barbier vante chez Tezuka «un style lisible grâce à une économie du trait, avec des histoires à plusieurs niveaux de lectures, parfois dures». Le petit lionceau du Roi Léo ne se retrouve pas moins confronté à la difficulté de passer à la maturité après le décès de son père.

Malgré son dessin que certains qualifient d’enfantin, Osamu Tezuka, a touché à tous les genres, de la science-fiction (Astro Boy) au thriller (MW) en passant par des œuvres plus érotiques. «Avec Animerama, il a adapté en dessins les Mille et une nuits. C’est très suggestif, presque aux prémisses du hentai [manga très sexe]», explique Chrysoline Canivet-Fovez. Un visionnaire donc, dont la redécouverte des œuvres pourrait plaire aux fans de «Naruto» et de «Dragon Ball», puisqu’elles ont souvent pour thèmes communs des histoires intenses d’apprentissage.