Joann Sfar: «Je regarde mes cauchemars en face»
CULTURE Le scénariste et dessinateur de bande dessinée sort son premier roman...
Scénariste, auteur de BD, cinéaste, Joann Sfar est décidément un touche-à-tout. Ne lui manquait que le roman. Voilà qui est résolu. Dans L'Eternel, le père de Petit Vampire et Grand Vampire continue de s'intéresser à ses monstres favoris. Son héros, mort-vivant à grandes dents, contrarié et névrosé, survole la Russie de 1917, et le Brooklyn d'aujourd'hui.
Pourquoi avez-vous eu envie de passer au roman?
J'étais un peu indécis sur la forme à donner à cette histoire. Mais quand j'ai ouvert mon cahier, ce sont des mots et encore des mots qui sont venus. Mais je fais toujours le même métier: raconteur d'histoires. La différence, c'est qu'avec le roman j'ai le sentiment de regarder mes cauchemars en face. Je peux aller plus loin dans l'horreur et l'étrangeté. Mais toujours avec une dose d'humour.
Et est-ce que «L'Eternel» aurait pu être une BD?
Ça aurait pu, oui. Mais j'ai découvert que je pouvais écrire sans dessiner.
Aviez-vous des images en tête pendant l'écriture?
Oui, et puis aussi des images sur mon bureau. La Première Guerre mondiale en Russie, la campagne russe, des films d'horreur. Et puis, je l'avoue, j'ai proposé environ quarante-cinq illustrations de couvertures à mon éditeur.
Vous êtes un grand lecteur de romans?
Je suis un immense fan de littérature d'aventures, de fantastique et d'horreur. Je suis un des rares fous à avoir lu l'intégralité de l'œuvre de Lovecraft, par exemple.
Pourquoi les vampires vous passionnent-ils?
Ils ont toujours été à la mode. Depuis le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas, qui revient se venger après avoir disparu pendant des années. Par aileurs, j'ai vu Nosferatu de Murnau très jeune. Depuis, mes fées à moi sont des monstres. Et puis, dans la vie, on se fait souvent vampiriser…
Vous allez adapter le roman pour Canal+?
On réfléchit à une série autour de cet univers. On y retrouvera sans doute les personnages, mais l'histoire variera. Il faut se réinventer!