Films iraniens, les secretsde la réussite
Un sujet cocasse, une mise en scène subtile et, à l'arrivée, une flopée de prix, de Pusan (Corée du Sud) à Deauville. « Querelles nous a frappé par l'intelligence avec laquelle ce film interpelle le spectateur », confie à 20 Minutes l'acteur Tahar Rahim, juré du festival Deauville-Asie.
Son auteur, Morteza Farshbaf, 26 ans, a assimilé les leçons d'Abbas Kiarostami (côtoyé pendant ses études), Jafar Panahi ou Asghar Farhadi, primés avant lui. Etre iranien serait-il le sésame pour briller en festival ? L'intéressé s'en amuse. « C'est vrai qu'il y a une tradition d'excellence dans le cinéma iranien. Notre formation est efficace et les succès de nos aînés nous encouragent à passer à l'acte. » La censure ? « Nous sommes nombreux à penser qu'elle ne doit pas être un frein. Au-delà des histoires d'amour, pas simples à tourner sans se toucher, les sujets inédits et excitants ne manquent pas. »
Une preuve de courage
« Les cinéastes iraniens éprouvaient autrefois une fierté à être censurés : c'était une preuve de courage, plus maintenant, note le réalisateur Nader T. Homayoun, qui vit en France. Les aspects critiques n'ont plus besoin d'être soulignés, le public a mûri : il les perçoit dans ce qu'il ne voit pas. » Cette subtilité, qui attise la curiosité occidentale, est apparue de façon frappante dans Une séparation, Ours d'or à Berlin et oscar à Hollywood. On la ressent également dans Querelles, un de ces films qui reflètent la réalité de l'Iran dans toute sa finesse.
Dialogues de sourds
Querelles débute comme un film de Kiarostami : une voiture au loin, avec des dialogues en voix off. Ou plutôt en sous-titres, car les protagonistes sont sourds et se parlent en langue des signes. C'est la première surprise de cette histoire d'une famille qui traverse l'Iran en se chamaillant. Les suivantes viendront de ce que les spectateurs vont découvrir une réalité plus dramatique qu'il n'y paraît.