« L’Île rouge » : Le cinéaste Robin Campillo capte la fin d’une époque à Madagascar

Nostalgie Le réalisateur de « 120 Battements par minute » évoque son enfance sur la base militaire malgache dans les années 1970

Caroline Vié
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« L'Île rouge » de Robin Campillo
« L'Île rouge » de Robin Campillo — Mémento Distribution
  • « L’Île rouge » revient sur les souvenirs du réalisateur Robin Campillo, qui a passé une partie de ses jeunes années à Madagascar.
  • C’est à hauteur d’enfant qu’il montre sa vie de bambin totalement inconscient du colonialisme.
  • La vibrante Nadia Tereszkiewicz est toujours parfaite dans le rôle d’une mère qui voit son monde se déliter.

Dans les années 1970, un petit garçon grandit entre un père militaire et une mère fantasque (incarnée par la vibrante Nadia Tereszkiewicz). Ce bambin, c’est Robin Campillo, le cinéaste de 120 Battements par minute qui, six ans après ce film, a puisé dans ses souvenirs d’enfance pour réaliser L’Île rouge.  « Ce n’est pas un film autobiographique, précise le cinéaste. J’ai voulu retrouver l’univers sensoriel du jeune héros plutôt que de me concentrer sur la réalité historique. »

Le bambin, inconscient de ce qu’est le colonialisme, perçoit les injustices et la révolte qui grondent chez les Malgaches. Il sent que le paradis qu’il partage avec une camarade de jeu va lui être retiré et se réfugie dans un monde fictif où il devient Fantômette, son héroïne favorite. Il l’aime tant qu’il se fait coudre le costume par sa mère, du cosplay avant l’heure ! Cette chronique sensible sur un enfant peinant à appréhender le monde des adultes qui l’entourent fait passer le spectateur d’anecdotes cocasses à des scènes plus graves. On sourit quand le père du héros lui offre des bébés crocodiles et on compatit quand le gamin comprend que sa famille va devoir partir.

L’Île rouge évoque la nostalgie de l’innocence enfantine tout en soulignant la nécessité absolue pour les Malgaches de se réapproprier leur si beau pays. Robin Campillo parvient à évoluer en équilibriste entre ces deux pôles ce qui constitue la force d’un film tendre et dur, dépourvu de manichéisme. Il capte à la fois la fin d’une époque et le début d’une ère nouvelle.