Festival de Cannes 2023 : Justine Triet dénonce la politique du gouvernement après avoir reçu la Palme d'or

prise de position La ministre de la Culture Rima Abdul Malak s’est dite « estomaquée » par le discours « injuste » de la réalisatrice qui a répondu en conférence de presse

De notre envoyée spéciale à Cannes, Caroline Vié
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Justine Triet a reçu la Palme d'or pour « Anatomie d'une chute ».
Justine Triet a reçu la Palme d'or pour « Anatomie d'une chute ». — Daniel Cole/AP/SIPA
  • Justine Triet n’a pas mâché ses mots après avoir reçu la Palme d’or.
  • Elle s’en est prise au gouvernement à sa gestion de la contestation de la réforme des retraites et sa « marchandisation » de la culture.
  • La cinéaste a confirmé et amplifié ses propos lors de la conférence de presse.

L’actualité sociale s’est invitée au sein du glamour du Festival de Cannes samedi soir. En recevant la Palme d’or samedi soir, la réalisatrice française Justine Triet a dénoncé la réforme des retraites. Le mouvement contre cette réforme a été « nié et réprimé de façon choquante », a lancé la réalisatrice en recevant son prix pour son film Anatomie d’une chute.

« Le pays a été traversé par une protestation historique extrêmement puissante et unanime de la réforme des retraites », a-t-elle insisté. Justine Triet a également critiqué la « marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend » et qui est en train « de casser l’exception culturelle française, cette même exception culturelle sans laquelle je ne serais pas là aujourd’hui ».

La ministre a immédiatement réagi

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak s’est dite « estomaquée » par le discours «
injuste » de la réalisatrice. « Heureuse de voir la Palme d’or décernée à Justine Triet, la 10e pour la France ! Mais estomaquée par son discours si injuste. Ce film n’aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma qui permet une diversité unique au monde. Ne l’oublions pas », a-t-elle écrit sur Twitter.




La réalisatrice lui répond en conférence de presse

La réalisatrice n’était pas au courant de la réaction de la ministre mais elle s’y attendait. « Il est vrai que mon discours ne va pas dans le sens des décisions actuelles, a répondu la cinéaste lors de la conférence de presse. Cannes est l’endroit pour ça pour s’exprimer librement. On ne peut pas faire ce métier sans être touché par ce qui se passe. Il est important, pour les jeunes réalisateurs qui vont suivre, de préserver l’exception culturelle française dont j’ai pu bénéficier. »

Justine Triet n’a pas mâché ses mots. « Je suis très privilégiée, mais c’est plus dur pour les jeunes cinéastes quand on apprend que de l’argent public va être donné à de gros films prévus pour être rentables. L’exception culturelle partait du principe de ne pas penser à la rentabilité. Il faut préserver cela. »